Le troisième facteur du changement est l’industrie. Dans
ce domaine, le pouvoir révolutionnaire s’est trompé.
Le processus du développement économique déjà engagé et qui a
consisté à donner la priorité à l’industrie industrialisante, au
détriment de l’agriculture, constitue une option pour le moins
contestable.
En effet, l’industrialisation accélérée telle qu’elle est pratiquée, implique nécessairement des achats massifs de biens
d’équipement extrêmement coûteux.
Cela-nous Pavons vu
entraîne fâcheusement une exportation très forte de pétrole
et de gaz, pour couvrir les importations d’usines « clefs en
mains ».
Cette politique qui n’est pas celle des Japonais, ni des
Chinois, conduit dans l’immédiat, à la diminution de riches ses non renouvelables et à long terme, à leur épuisement.
Si cette politique n’est pas réajustée, nous serons amenés à
acquérir, d’ici deux décennies, des centrales atomiques destinées à fournir l’énergie nécessaire aux usines que nous payons aujourd’hui avec le pétrole et le gaz. Il devient donc impérieux
de réviser certaines conceptions.
C’est également une autre erreur que de tolérer l’installation des unités industrielles dans la Mitidja et dans le voisinage d’Alger. La Mitidja, terre agricole par excellence, doit se
suffire à elle-même.
L’industrie doit contribuer à transformer
la vie dans les terres pauvres.
De plus, par précaution, l’usine doit être édifiée à l’abri
des dangers pouvant venir de la mer.
En bref, le changement ne doit pas être réservé à une
seule région. C’est un tout. Il doit être fondé sur deux idées
maîtresses :
1° Le développement économique doit entraîner l’accord et l’épanouissement des citoyens ruraux et citadins. Or,
depuis 15 ans notre société est condamnée au silence. Elle est
crispée et mécontente.
2° Ce développement doit être un levain puissant, de
nature à susciter l’espérance de la majorité des habitants et
à faire en sorte que leurs rêves de bonheur deviennent des
réalités.
Ferhat Abbas
Demain se lèvera le jour p.p 75-76
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