Le Califat d’Adam contient en lui la Prophétie et la Sainteté universelles. La synthèse des différents modes de l’Existence, l’intégration de la réalité actuelle du monde et de la Réalité éternelle de Dieu,
l’union de l’univers et de l’Esprit qui le gouverne sont les marques
distinctives de sa fonction, qui assurent sa supériorité sur les anges.
Ceux-ci ne représentent qu’un état de l’Existence universelle ;
ils n’ont pas été créés par les « deux Mains d’Allah ». La nature
initiatique du Califat adamique est indiquée par la correspondance
établie entre eux et les facultés inhérentes à la forme humain.
Lorsque le degré suprême de la réalisation est atteint, ces facultés
sont incluses dans la Forme intérieure et divine de l’Homme Parfait. Enfin, cette Sagesse comporte un enseignement spirituel qui est
énoncé au paragraphe .
Les raisons pour lesquelles cette doctrine suprême n’est pas directement attribuée au Prophète Muhammad s’expliquent par les raisons d’ordre cyclique que nous avons exposées dans la préface. Rappelons aussi4
qu’Adam détient l’étendard du Califat en ce bas monde, c’est-à-dire pendant la durée de la modalité corporelle de
l’homme. Celle-ci ne prendra fin qu’au Jour de la Résurrection, lorsque l’Esprit universel de Muhammad reprendra des mains d’Adam
l’étendard qu’il lui avait confié à l’origine.
Le Califat muhammadien
n’apparaîtra visiblement aux yeux de tous que dans la vie future.
Même si, selon l’enseignement d’Ibn Arab, celle-ci « a déjà commencé » avec la manifestation de la forme corporelle du Prophète, sa
fonction éminente demeure cachée et n’est manifestée présentement
que par les privilèges attachés à la Loi sacrée de la révélation finale ;
son excellence reste couverte sous le voile de la servitude de sorte
que c’est précisément le caractère « divin » de la présente Sagesse qui
empêche qu’elle lui soit expressément attribuée.
Néanmoins, les indications subtiles ne manquent pas dans ce
chapitre pour rappeler discrètement la réalité occultée par la « Sagesse divine ».
Ainsi, le début du texte qui mentionne l’être en qui « Dieu
manifeste Son propre secret à Lui-même » évoque la hadîth où le
Très-Haut déclare : « Sans toi, ô Muhammad, Je n’aurais créé ni Ciel,
ni Terre, ni Paradis, ni Feu ». Mais on soulignera surtout l’identification du Califat suprême d’Adam au moyen de la notion typiquement
muhammadienne de « Sceau » (§2) qui est envisagée ici, non avec le
sens de « clôture » qu’elle prendra dans le second chapitre, mais plutôt
avec celui d’une sauvegarde et d’une protection miséricordieuse des
Trésors du Roi, c’est-à-dire de la Création divine, ce qui permet de la
rattacher directement à l’ »Esprit Universel » de celui qui fut envoyé
comme une Miséricorde pour les mondes . Dès le premier alinéa, les principes métaphysiques du Califat,
qui sont la perfection active d’al-wujûd et la perfection passive de la
mashî’a , sont mentionnés l’un et l’autre.
Les « essences des Noms »
procèdent de cette dernière , tandis que « Son Essence » exprime la
Réalité principielle d’al-wujûd. On peut dire aussi bien « voir leurs
essences » que « voir Son Essence » car les Noms sont des rapports conceptuels dépourvus de réalité actuelle propre.
Le « Regard divin » est le principe immédiat de la manifestation de
l’Homme, symbolisé par la pupille de l’oeil, qui est le « support
du Regard d’Allah parmi les créatures. Selon Michel Vâlsan, « à
côté du Regard à fonction perçante, destructive et transformatrice
désigné par le terme al-Basar, il y a le Regard de sauvegarde et de
faveur… désigné par le terme an-nazar. » Ces deux sens » sont compris dans le terme général de « vision »
rendu par le verbe ra’a utilisé ici.
Le second contient l’idée d’une
manifestation miséricordieuse », évoquée dans le fait que le Calife a
pour fonction principale de préserver et de sauvegarder les « Trésors
du Roi », tandis que le premier se rapporte à l’aspect initiatique du
« Degré suprême », discrètement indiqué par certains éléments du
texte : dans le premier alinéa, l’expression in shi’ta (si tu veux) révèle
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