C’est au sein de cette colonie algérienne que s’organisa la vie de Messali. Une semaine après son arrivée à Paris, Messali trouva du travail dans une usine textile Maurice Frings & Cie située au 32, rue de Vitruve dans le 20e arrondissement. Cet emploi, qu’il occupa du 25 octobre 1923 au 8 octobre 1924, était proche du lieu de sa résidence, un petit hôtel meublé au 100, rue Alexandre Dumas, dans le 20e arrondissement.
Sa tentative de rechercher un autre métier que celui qu’il occupait, se traduisit en fait par une véritable randonnée d’emploi en emploi . Ainsi, il travailla par la suite, successivement, dans une entreprise de moulage de métaux Muller et Roger, avenue Philippe Auguste et n’y resta que deux mois tellement le travail était pénible ; puis à l’occasion des fêtes de la fin d’année 1924, il accomplit un travail saisonnier chez un chapelier, rue du Faubourg Poissonnière, comme livreur ; au début de l’année 1925, il se retrouva dans le magasin Lancel, place de l’Opéra, effectuant un travail de livreur dans les grands hôtels, réceptions de clients, à 500 francs par semaine. Comme on peut le constater, il n’est là jamais question d’emploi à l’usine Renault contrairement à ce qu’ont pu affirmer certains biographes de Messali. Au début de 1926, alors qu’il venait d’adhérer à l’Etoile-Nord-Africaine, il fut engagé chez Migna- pouf, rue Boissy-Danglas, dans l’habillement de luxe pour femmes et enfants. Enfin, de 1927 à 1933, Messali exerça la profession de marchand ambulant, vendant des bas et chaussettes sur les marchés de Nogent-sur-Marne et du Perreux.
Il était satisfait de ce genre de travail qui lui laissait assez de temps libre pour son activité politique. Dans l’énumération de ces différents métiers, nous pouvons constater qu’il n’y a pas de la part de Messali, une tentative individuelle d’évasion hors de sa classe d’origine par la recherche d’une promotion, dans un métier stable. Il s’agissait, au contraire, de se lancer dans la politique contre le colonialisme ; il suffisait alors de gagner quelque argent pour se nourrir, et ce, de n’importe quelle façon, en tout cas en y consacrant le moins de temps possible. Messali faisait partie de cette masse, de jour en jour plus imposante des émigrés nord- africains : paysans déclassés, refoulés vers la ville où ils avaient fait un premier séjour avant de s’embarquer pour la Métropole ; ouvriers agricoles chassés par le chômage ; petits commerçants et artisans prolétarisés...
Benjamin Stora in MESSALI HADJ PIONNIER DU NATIONALISME ALGÉRIEN (1898-1974
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