Le Fleuve détourné de Rachid Mimouni

“Enfin, Si Mokhtar parla : - Tu reviens au pays bien après la fin de la fête, bien après que mes fanfares se sont tues. Tu aurais pu persister dans la voie de l’oubli, ou comme Ali, ton cousin, dans celle de l’inconscience. Ce sont aujourd’hui les seuls gages de sérénité. Mais tu veux savoir. Mon fils, ta douleur sera grande.” Le narrateur, précisément, veut savoir. Il revient de loin, après plusieurs années d’absence. Il revient de si loin que tout le monde, dans son village, le tient pour mort : officiellement, il a été tué lors d’un bombardement par les forces françaises d’un camp du FLN, pendant la guerre d’indépendance. Qu’a-t-on à faire de ce revenant ? Il s’obstine, veut retrouver sa femme et son fils. Et le voici parti, comme une ombre, à travers son pays. Sa voix nous bouleverse. Le fleuve immémorial de la tradition a été détourné de son cours ; le peuple ne se reconnaît plus ; il se tait. Ce roman, d’une densité et d’une rigueur exemplaires, est plus éloquent des textes du silence. Rachid Mimouni est né en 1945, à Noudouaou, à l’est d’Alger, d’une famille de paysans. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Une peine à vivre, L’Honneur de la Tribu et La Malédiction. Il est décédé à Paris en 1995.

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