Caractéristiques de la Renaissance

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L’agriculture

La «copiosité du populaire» (Seyssel) entraîne une renaissance des campagnes, durement touchées: terres incultes et villages désertés retrouvent leur animation. La production agricole, de ce fait, est en hausse. La céréaliculture traditionnelle tient toujours la première place, mais sans amélioration des rendements, à l’exception de ceux que procure une plante nouvelle: le maïs. Importé d’Amérique, celui-ci n’est pour l’heure cultivé qu’en Espagne. Cependant, les autres secteurs agricoles se développent, qu’il s’agisse de la vigne ou de l’élevage. Ce dernier prend même une place notable dans nombre de régions, du Danemark à la Hongrie. À l’échelle du continent, la consommation de viande s’est nettement accrue depuis le XIVe siècle, avant de décroître bientôt avec les effets du «surpeuplement», qui donne la priorité absolue aux céréales. Les techniques agricoles ne sont pas modifiées en profondeur, sauf dans quelques régions de pointe, comme la Flandre, où l’on voit même s’effacer la jachère.

L’industrie

Le même redémarrage appparaît dans l’industrie, lequel accompagne une demande croissante, notamment pour le textile. Là encore, il n’y a pas de bouleversement décisif. Pour autant, les innovations sont nombreuses, plus notables sans doute que pour l’agriculture. Le symbole en est évidemment la mise au point de l’imprimerie, qui prend place parmi les grandes «industries» du temps.

De nombreux secteurs font l’objet d’améliorations techniques sensibles: la verrerie, avec la mise au point de la fabrication du verre blanc; la métallurgie, avec l’apparition du haut‑fourneau. Pour l’extraction minière, charpentes, systèmes de ventilation et de pompage se perfectionnent, et la production s’envole: de 1460 à 1530, elle est multipliée par cinq pour le cuivre et l’argent en Europe centrale.

Les grands capitalistes se font de plus en plus présents dans l’«industrie», en raison de l’importance croissante des investissements. C’est à leur initiative que se développent de nouvelles formes de production. Ainsi, dans le secteur en plein essor de la draperie légère, ils délaissent progressivement les vieux centres textiles, tenus par les corporations, pour répartir le travail dans les campagnes, où la concurrence joue plus librement, ce qui permet de moindres rémunérations. Cette mutation est, à long terme, porteuse des élans – et des contradictions – de la proto‑industrialisation.

Le commerce

Ce qui précède souligne le rôle décisif des oligarchies urbaines: c’est le temps du capitalisme commercial, où celui qui trafique est maître des circuits de production. La figure emblématique de la Renaissance est ici celle du grand marchand, qu’il se nomme Médicis, Fugger, Cœur ou Ruiz. Il agit au sein de firmes parfois complexes, compagnies à comptoirs, constituant une seule entreprise, ou compagnies à filiales, dans lesquelles la société mère se contente d’une participation au capital. Bien des structures restent encore archaïques, comme celles du réseau commercial constitué par la Hanse.

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