Financement des croisades

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financement des croisades

Le financement

Le financement des croisades fut d’abord assuré par les participants eux mêmes. Lors de la première croisade, l’enthousiasme fut si grand que beaucoup aliénèrent leurs biens ou les mirent en gage auprès d’établissements ecclésiastiques. Ainsi, parmi tant d’autres, Godefroi, seigneur de Bouillon, vendit ses propriétés de Stenau et de Moussay à l’évêque de Verdun et donna en gage à l’évêque de Liège le «pays de Bouillon».

Régulation du financement

Mais à ces moyens exceptionnels s’ajouta au début du XIIe siècle un moyen plus régulier: les barons exigèrent la contribution en argent de leurs vassaux. Les souverains firent de même en 1147: Louis VII, qui ne pouvait financer l’expédition par ses revenus habituels, sollicita la contribution de ses vassaux et pressura singulièrement les églises de son domaine. Dans la seconde moitié du XIIe siècle, les expéditions étant devenues maritimes, donc plus coûteuses, les rois recoururent à la taxation.

Création d’un impôt: la dîme saladine

En 1166 et en 1183 en France, en 1185 en France et en Angleterre, furent prélevés pour la défense de Jérusalem 1 ou 2 deniers par livre de biens (selon un système, d’origine carolingienne, dont l’unité de base est la livre d’argent divisée en 20 sous, eux-mêmes divisés en 12 deniers, et qui resta jusqu’à une date récente le système de base de la monnaie anglaise). Le premier impôt de croisade fut la dîme saladine, destinée à financer la guerre contre Saladin. Autorisée par le pape Grégoire VIII en 1187, levée un an plus tard en France et en Angleterre, elle consista en un prélèvement de 10 % sur les revenus et biens meubles de ceux qui ne partaient pas en croisade, clergé compris.

Autres taxes

En Angleterre, Richard Cœur de Lion taxa les revenus de ses sujets juifs à 25 %, tandis qu’en France Philippe Auguste obligeait les siens à verser en sus de leur contribution 5 000 marcs d’argent. L’Église, quant à elle, chercha à se constituer un trésor de croisade. L’insuffisance des aumônes de croisade décida le pape Innocent III à recourir à l’impôt: en 1200, il créa la décime, frappant les revenus des cardinaux au dixième et ceux du clergé séculier et régulier au quarantième. Bien que maintenu tout au long du XIIIe siècle à des taux et durées variables, cet impôt s’avéra lui aussi insuffisant. Aussi l’Église recourut-elle à d’autres ressources, telles que legs, rachats des vœux et dons assortis d’une indulgence proportionnelle. L’argent ainsi recueilli était le plus souvent remis directement au chef de croisade, mais certains papes comme Grégoire IX n’hésitèrent pas à en faire usage à des fins autres que l’expédition en Terre sainte.

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