Babor : en algérien, signifie bateau. Il existe chez nous deux bateaux très célèbres. Une pièce de théâtre d’un des plus grands dramaturges algériens a pour titre « Le bateau a coulé ». Le sens de l’expression est limpide. Par ailleurs, le plus talentueux humoriste algérien a intitulé un de ses spectacles Bateau pour l’Australie.

Cela symbolise le mythe du départ qui taraude le corps social algérien. Banane : fruit devenu très célèbre et très recherché depuis sa disparition des étals des marchés algériens. Si vous trouvez trop triste la mine du garçon qui vous sert dans un restaurant, exigez des bananes pour dessert. Il ne manquera pas d’étouffer de rire. Barbus : on les appelle aussi les FM (Frères musulmans).

Il s’agit, bien entendu, des intégristes. Beylik : nom turc qui qualifiait la régence. Il est devenu pour les Algériens le symbole de l’État. Ainsi l’administration coloniale française fut aussi appelée beylik. On continua à le faire après l’indépendance.

BM : c’est l’abréviation d’une abréviation. Il s’agit de la prestigieuse marque allemande d’automobiles B. M. W. qu’affectionnent les bourgeois modernistes algériens.

Les intégristes préfèrent les Mercedes. Boumba : il est dérivé du mot français bombe et signifie : c’est super. Capter : il faut installer une antenne parabolique pour recevoir les chaînes de télévision qui émettent par satellite. Cela ressemble à un immense couscoussier. Comme les Algériens ont coutume de partager leur plat favori, ils partagent aussi leurs antennes paraboliques.

Il suffit d’en placer une pour permettre aux locataires d’un pâté d’immeubles de suivre les programmes de toutes les chaînes françaises, y compris Canal Plus, miraculeusement décryptées. Capter signifie faire partie de cette classe de privilégiés. Charia : c’est le droit canon musulman fondé sur le Coran et la Tradition. Les intégristes sont connus pour l’interpréter de la façon la plus restrictive et la plus dogmatique, en ignorant les versets divins et les hadiths qui les dérangent. Ils ne citent par exemple jamais cette injonction du Prophète qui dit : « Tu n’es que celui-là qui rappelle, tu n’es pas pour eux celui qui régit.

» Il conteste ainsi clairement le droit des « docteurs de la foi » à assumer le pouvoir. Dégourbisation : néologisme typiquement algérien. Il est dérivé de gourbi et a désigné l’opération qui consistait à éradiquer les bidonvilles qui cernaient les grandes villes algériennes en renvoyant par la contrainte vers leur lieu de naissance des occupants de ces Favellas. Ce fut une abomination. Dégoûtage : dérivé de dégoût.

Il exprime la mal-vie des adolescents qui ne peuvent ni aller au cinéma, encore moins au théâtre ni avoir une petite amie. Ils passent donc leur temps adossés à des murs. Devises : mot magique qui cristallise tous les fantasmes. Le terme est en fait synonyme de francs français. Celui qui peut en disposer ne peut être qu’un homme heureux.

Il pourra obtenir son visa et aller dévaliser les magasins de Tati. Ses précieux francs lui permettront aussi de se procurer tous les produits introuvables chez lui. Pal/Secam : les spécialistes savent qu’il s’agit des systèmes de télévision couleur allemands et français. Le pouvoir algérien a choisi le premier. Pour recevoir en couleurs les chaînes françaises dont raffolent les Algériens, ils doivent acquérir un téléviseur multistandard.

Ceux-là font partie de la crème des privilégiés. Qamis : c’est la longue robe blanche qu’affectionnent les intégristes. Elle est l’équivalent des chemises noires et brunes des fascistes italiens et des nazis allemands. Sans pitié : titre de la plus célèbre émission de radio de la chaîne francophone algérienne. Ses animateurs se permettaient de contredire brutalement les hommes du pouvoir et les acculaient souvent en leurs ultimes retranchements.

Être sans pitié signifie placer ses interlocuteurs dos au mur. Siquice : vient de séquestre. L’administration coloniale française frappa de séquestre les terres de la plupart des tribus qui s’étaient élevées contre l’armée expéditionnaire. Ce terme dérivé est devenu pour les Algériens synonyme d’arbitraire et d’injustice. Sunna : ou la tradition.

Il s’agit des textes qui rapportent les faits et dires du Prophète. Après le Coran, elle fonde la charia. Tati : magasin le plus fréquenté par les Algériens lorsqu’ils débarquent à Marseille ou à Paris. Trabendo : terme sans doute emprunté à un Espagnol. On en a longuement parlé.

Triciti : il s’agit d’électricité. Zambretto : il s’agit d’un mélange d’alcool à brûler et de limonade sur lequel se rabattent les ivrognes algériens dans les départements où la consommation d’alcool est interdite. Ils sont assurés de se retrouver à l’hôpital quelques heures après leurs libations.

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