Ali Shariati

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Sociologue de la religion, celui qu’on surnomma « l’idéologue de la Révolution iranienne » est né à Kahak, dans le district rural de Mazinan, près de Mashhad.

Dans cette dernière ville, son père ouvre en 1947 un forum social, le Centre pour la propagation des vérités islamiques, qui se retrouve pris en 1950 dans le débat sur la nationalisation de l’industrie pétrolière. Jeune étudiant, il se familiarise avec la pensée occidentale : ses articles, qui paraissent dans Khorasan, le quotidien de Mashhad, citent aussi bien Freud et Alexis Carrel que Iqbal* et Al-Afghani*. En 1952, il fonde l’Association islamique des étudiants et se distingue par son activisme nationaliste qui lui vaut plusieurs arrestations. On le retrouve par la suite à Paris, où il prépare sa thèse dans la discrétion. Shariati suit les cours de Louis Massignon, de Jacques Berque et de Georges Gurvitch, rencontre Sartre et Frantz Fanon, tandis que Khomeiny* est l’un de ses proches. Il traduit en persan les textes de Fanon sur la psychanalyse du colonisé et s’engage aux côtés du FLN ; c’est également lui qui publie en persan L’Occidentalite de Jalal Al-e Ahmad*. A son retour en Iran en 1964, il est de nouveau incarcéré pour une durée de six mois : le régime craint son « shi’isme rouge », marxiste et tiersmondiste, qui substitue à l’attentisme de la doctrine de l’Imam caché, l’appel au combat pour la justice sociale et à une société sans classe et qui puise son inspiration révolutionnaire dans la geste des grands martyrs du shi’isme : ‘Ali, Hasan, Husayn…

Après cet épisode, il intègre l’université de Mashhad, mais ne donne son cours que quelques années seulement, avant d’être mis à pied. Il s’épanche dans ses livres, comme dans Man and Islam qui paraît en anglais en 1981, puis en persan l’année suivante. Il écrit des articles, expose ses théories libérales et trop dérangeantes pour le régime qui l’incarcère de nouveau pendant dix-huit mois. A sa sortie, le 20 mars 1975, Shariati se tient à l’écart de l’activité politique, pour ne pas attirer l’attention sur lui… jusqu’au 15 mai où, trompant la Savak, la police politique du Shah qui gardait un œil sur lui, il fuit vers l’Angleterre. Il y demeurera en exil jusqu’en 1977, année où il meurt dans des conditions mystérieuses – sans doute assassiné par la Savak ou par d’autres. Aux yeux de Shariati, fait remarquer Jacques Berque, « la révolution islamique ne peut aller sans une révolution de l’islam lui-même » (in L’Islam au temps du monde, p. 187). Dans ce renversement des notions, il y a lieu de voir l’émergence d’un esprit totalement dégagé de ses brumes métaphysiques, plein de toutes les promesses que l’ancien peut offrir au neuf.

Histoire et destinée, Paris, Sindbad, 1982 ; Man and Islam, Houston, Filinc, 1981 ; Muhammad de l’hégire à la mort, Paris, Al-Bouraq, 2007. BERQUE, 2001 ; FISCHER, 1980.**

Malek Chebel

Dictionnaire des réformateurs musulmans des origines à nos jours.

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