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PRÉSENTATION

Dentelle de Burano, Venise (Italie)

L’art populaire de la dentelle qui se développe au XVIe siècle constitue l’activité principale de Burano, petit bourg de pêcheurs situé sur l’une des îles du nord de la lagune.

Michael Lewis/Corbis

L’économie vénitienne repose essentiellement sur le tourisme qui est particulièrement actif. De très nombreux visiteurs séjournent chaque année dans la ville, attirés par la richesse de son patrimoine architectural, mais aussi par les nombreuses manifestations culturelles et artistiques qui s’y déroulent (carnaval de Venise, festival du Cinéma, biennale). Venise est également célèbre pour son artisanat : verrerie et cristallerie dans l’île de Murano, dentelle de l’île de Burano, orfèvrerie. Les activités portuaires (chantiers navals, commerce maritime) et industrielles (chimie, aciéries, fonderies, raffinage pétrolier, mécanique) se sont développées sur le continent avec le complexe Porto Marghera à Mestre. Depuis la Seconde Guerre mondiale, nombre de Vénitiens ont quitté la ville historique pour venir s’installer à proximité des quartiers industriels, pourvoyeurs d’emplois. Le port de Marghera, qui gère la plus grosse partie du trafic maritime de la région, est relié à un canal, extension du canal de La Giudecca.

Venise est reliée au continent par un pont routier et ferroviaire. Les nombreux canaux de la cité sont enjambés par 400 ponts. Le Grand Canal, d’une longueur de 3,8 km, serpente à travers Venise, du nord-ouest au sud-est, séparant la ville en deux parties. Les véhicules à moteur sont interdits dans la ville. Pendant des siècles, le moyen de transport le plus courant a été la gondole, un bateau à fond plat propulsé par une rame unique. Aujourd’hui, les gondoles sont principalement utilisées par les touristes ; des vedettes (vaporetti) assurent la majeure partie du transport de passagers.

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PAYSAGE URBAIN

Palais des Doges (Venise, Italie)

Siège du gouvernement de la République vénitienne jusqu’en 1797, le palais des Doges a été érigé au XIIe siècle à l’extrémité de la place Saint-Marc. La façade sud, orientée vers la lagune, est constituée de marbre rose et blanc et comporte un balcon sculpté en 1404 par les Dalle Masegne. Sur la gauche, se dresse le campanile de la basilique Saint-Marc, édifié entre le Xe et le XIIe siècle et reconstruit en 1912.

V. Lefteroff/Globe Photos, Inc.

Venise a dû relever de nombreux défis. Outre le départ d’une partie de sa population, la cité a subi d’importants dommages matériels résultant des inondations, de l’affaissement du plancher de la lagune lié au drainage des couches aquifères souterraines et de la pollution de l’air et des eaux. Tout au long de son histoire, la ville a connu des inondations. Après les inondations dévastatrices de 1966, l’Unesco coordonne une action internationale pour préserver la Venise historique, et de nombreux édifices sont rénovés et protégés. Le problème a été en partie résolu par la limitation de l’utilisation des nappes phréatiques, notamment pour les industries de Porto Marghera, et par la construction d’un aqueduc acheminant l’eau des Alpes voisines.

Palladio, Église San Giorgio Maggiore (Venise)

Située sur l’île San Giorgio, en face de la place Saint-Marc, l’église San Giorgio Maggiore a été édifiée par l’architecte Andrea Palladio, entre 1565 et 1580. Elle fait partie des quelque 200 édifices religieux que compte Venise.

Massimo Borchi/Bruce Coleman, Inc.

Véritable ville-musée, Venise est considérée comme l’une des plus belles villes du monde. Les édifices et les ornements, qui vont du style byzantin à celui de la Renaissance, témoignent de la grande diversité des influences artistiques.

Burano (Italie)

L’église San Martino, dont le campanile domine le petit port et les maisons colorées caractéristiques de la ville de Burano, est édifiée au XVIe siècle et abrite un tableau de Giambattista Tiepolo. Destination touristique parmi les plus appréciées de la lagune vénitienne, Burano est notamment réputé pour sa dentelle d’une facture raffinée, dont les plus beaux et plus anciens exemplaires sont conservés au musée de la Broderie.

SCALA, Florence

La place Saint-Marc, le site le plus fréquenté de la ville, est le cœur historique de Venise. On y trouve les deux édifices les plus célèbres de Venise, la basilique Saint-Marc et le palais des Doges (Palazzo Ducale). Dominant la place, le campanile ou clocher de Saint-Marc, d’une hauteur de 91 m, fut bâti entre 874 et 1150 et reconstruit après qu’il se fut effondré en 1902. La basilique Saint-Marc, surmontée de cinq coupoles, a été construite entre 1047 et 1071 pour abriter les reliques de Marc l’évangéliste. Elle est un exemple étonnant de l’architecture byzantine. Sa façade sculptée date du XIVe siècle. L’intérieur, orné de mosaïques byzantines et Renaissance, révèle également un somptueux décor de marbres polychromes et abrite un trésor byzantin. Le palais des Doges, siège du gouvernement de la cité, jouxte la basilique. C’est un édifice remarquable de style gothique italien, construit au XIIe siècle, et dont quelques éléments furent remaniés au début de la Renaissance. Ses façades ajourées, ornées de colonnes, sont en marbre rose et blanc. L’intérieur renferme les appartements des doges et des salles somptueusement décorées par les grands peintres vénitiens comme le Tintoret (le Paradis) et Véronèse (l’Apothéose de Venise). Sur la place Saint-Marc se dressent également les deux palais des Procuraties, la Procuratie Vecchie (1496) et la Procuratie Nuove (1586), tous deux de style Renaissance. À l’époque de la République vénitienne, ils étaient la résidence des procurateurs, magistrats parmi lesquels le doge (le magistrat principal) était choisi.

Sansovino (Jacopo), Libreria Vecchia (Venise)

Inspirée des modèles romains antiques, la Libreria Vecchia a été construite par Jacopo Sansovino, entre 1536 et 1588, pour abriter la collection de manuscrits byzantins rassemblés par le cardinal Bossarion au XVe siècle et léguée à la ville de Venise. Les salles sont ornées de peintures de Véronèse, du Tintoret et de Titien.

Dennis Marsico/Corbis

Le long des deux palais, des arcades construites au début du XIXe siècle sont occupées par des cafés et des boutiques. Près du palais des Doges s’élèvent deux célèbres colonnes de granit datant de 1180, l’une surmontée du lion doré de saint Marc, symbole de la ville, et l’autre de saint Théodore, patron des Études, qui se tient debout sur un crocodile.

Pont du Rialto (Venise, Italie)

Édifié entre 1588 et 1591 par Antonio da Ponte, le pont du Rialto est le premier ouvrage qui a permis d’enjamber le Grand Canal à Venise (Italie).

Corbis

Derrière le palais des Doges se trouve le célèbre pont des Soupirs, qui relie le palais aux prisons publiques, et par lequel les prisonniers étaient conduits dans la salle de jugement puis ramenés à leur cellule. Trois ponts enjambent le Grand Canal, dont le plus connu est celui du Rialto (1588). Sur les rives du Grand Canal, la principale voie de circulation de Venise, on peut admirer d’anciens palais de l’aristocratie vénitienne, parmi lesquels se trouvent des chefs-d’œuvre de l’architecture gothique (Ca’Foscari, palais Grassi), Renaissance (palais Dario, palais Grimani) et baroque (Ca’Rezzonico). De nombreuses églises, parmi les quelque 200 édifices religieux que compte la ville, sont particulièrement intéressantes, notamment les églises San Giorgio Maggiore (XVIe siècle), face à la place Saint-Marc, sur l’île San Giorgio, Santa Maria della Salute (XVIIe siècle), à l’entrée du Grand Canal, San Giovanni in Bragora (XVe siècle), dans laquelle avaient lieu les cérémonies funéraires des doges, ou encore San Zanipolo (XIIIe-XVe siècle), dédiée aux apôtres Pierre et Paul. Parmi les autres curiosités de la ville figurent la statue équestre du condottiere Bartolomeo Colleoni, datant du XVe siècle, œuvre du grand artiste florentin Andrea Verrocchio, ou encore l’Arsenal, ancien chantier naval, ainsi que de nombreux jardins publics.

Pont des Soupirs (Venise, Italie)

Construit en pierre d’Istrie vers 1600 par Antonio Contino au-dessus du canal Rio di Palazzo, le pont des Soupirs est l’un des monuments les plus célèbres de Venise (Italie). Reliant la salle de jugement du palais des Doges aux prisons publiques, ce pont couvert à l’architecture baroque, symbole du romantisme régnant sur la ville, tire néanmoins son nom des gémissements des prisonniers conduits vers leur lieu d’exécution.

Sean Sexton Collection/Corbis

Le Ghetto, ancien quartier réservé aux juifs, a été le premier d’Europe (1516). Il comporte les bâtiments les plus hauts de la ville car, situé à l’intérieur d’un périmètre limité, il n’a pu connaître qu’une expansion verticale pour accueillir les nouveaux arrivants.

Église Santa Maria della Salute (Venise, Italie)

Avec son plan octogonal et ses deux rotondes à coupoles, l’église Santa Maria della Salute constitue l’un des édifices majeurs du baroque vénitien. Elle a été édifiée à partir de 1631, à l’entrée du Grand Canal, par l’architecte Baldassare Longhena.

Johanna Huber/4Corners Images

À l’est de Venise, des îles s’étendent en direction du Lido, ancien cordon littoral, aujourd’hui renforcé et aménagé en une station balnéaire réputée.

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ARTS ET CULTURE

Carpaccio (Vittore), les Deux Dames vénitiennes

Vittore Carpaccio, les Deux Dames vénitiennes (ou les Deux Courtisanes), v. 1495. Huile sur bois, 94 × 64 cm. Musée Correr, Venise.

Scala/Art Resource, NY

La ville, qui a donné naissance à une véritable école de peinture, possède de grands musées. Parmi les principaux, il convient de citer la galerie de l’Académie (Accademia) qui rassemble des œuvres de tous les grands peintres vénitiens (du XIVe au XVIIIe siècle), au nombre desquels Domenico Veneziano, Véronèse, le Tintoret, Titien, Canaletto, Giorgione, Giovanni Bellini et Carpaccio ; le musée Peggy Guggenheim, la Scuola di San Rocco et le musée Correr, musée historique et pinacothèque. De nombreux palais ont également été transformés en musées : la Ca’d’Oro, palais gothique du XVe siècle, sur le Grand Canal, qui abrite la collection Franchetti où l’on peut admirer les œuvres d’artistes tels que Carpaccio, Mantegna, Titien ou Guardi ; le palais Pesaro, de style baroque, également situé sur le Grand Canal, qui accueille le musée d’Art moderne et l’une des plus grandes collections européennes d’art oriental ; le palais Labia, qui présente des fresques de Tiepolo ; ou encore la pinacothèque du palais Querini-Stampalia.

Théâtre La Fenice (Venise, Italie)

Inauguré en 1792, le théâtre La Fenice est au centre de la vie culturelle vénitienne et italienne. Détruit par un incendie le 29 janvier 1996, il rouvre ses portes en décembre 2003 après des travaux délicats, interrompus à deux reprises en 1998 et 2001 ; la reconstruction « à l’identique » de l’édifice a notamment été réalisée à l’aide d’images tournées pendant le film Senso de Luchino Visconti en 1954. La photo montre l’architecture et la décoration intérieures originales avant le désastre.

Fiasconaro/Farabolafoto

Venise a été un des grands centres de l’humanisme, grâce au développement de ses imprimeries et au mécénat qu’exercent les grandes familles (Contarini, Grimani, Vendramin, etc.). La Libreria Vecchia (« vieille bibliothèque ») renferme environ 13 000 manuscrits et 800 000 livres, d’une valeur considérable. La cité vénitienne possède également une longue tradition musicale. Des artistes comme Albinoni, Monteverdi ou Vivaldi furent formés ou accueillis à Venise. Le théâtre de La Fenice, inauguré en 1792, a vu la création de nombreux opéras du répertoire italien ; détruit par un incendie en janvier 1996, il a rouvert ses portes en décembre 2003.

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HISTOIRE

Guardi, le Départ du « Bucentaure »

Tirée d’une série de douze fêtes ducales, elle-même inspirée des estampes de Brustolon, l’œuvre prend prétexte de l’événement historique pour faire une description insolite de la Venise du XVIIIe siècle. Le jeu mobile et diffus de la lumière argentée donne un sentiment très large de l’espace et transforme la scène en une évocation fantastique. Le scintillement d’une palette de couleurs vives laisse cependant aux silhouettes leur netteté, permettant de découvrir leurs multiples petites saynètes individuelles.

Francesco Guardi, le Départ du « Bucentaure » vers le Lido de Venise, le jour de l’Ascension, v. 1770. Huile sur toile, 66 × 101 cm. Département des peintures, musée du Louvre, Paris.

Erich Lessing/Art Resource, NY

La région de Venise était autrefois peuplée par les Vénètes. D’après la tradition, la ville est fondée au Ve siècle, lorsque les habitants d’Aquilée, de Padoue et d’autres villes du nord de l’Italie se réfugient sur les îles de la lagune vénitienne pour échapper aux tribus teutoniques qui envahissent alors l’Italie. Ils fondent leur propre gouvernement, à la tête duquel douze tribuns représentent les douze îles principales. Bien que faisant partie de l’Empire romain d’Orient, Venise dispose d’une certaine autonomie. Les Vénitiens font de leur ville une république en élisant le premier doge en 697. Au cours du siècle suivant, des dissensions internes perturbent l’action du gouvernement, mais la crainte des invasions unifie les Vénitiens.

Les attaques des Sarrasins, en 836, et des Hongrois, en 900, sont successivement repoussées. En 991, Venise signe un traité commercial avec les Sarrasins, point de départ de la politique consistant à commercer avec les musulmans plutôt qu’à les combattre. Les croisades et le développement du commerce avec l’Asie qui s’ensuit font de Venise le plus grand centre de commerce avec l’Orient. La République tire largement profit de la partition de l’Empire byzantin, en 1204, et devient la puissance la plus importante de la région méditerranéenne. Le développement d’une riche aristocratie fournit l’occasion aux nobles de parvenir à une domination politique et, bien que Venise soit théoriquement une République, elle est dirigée, vers la fin du XIIIe siècle, par une oligarchie. Aux XIIIe et XIVe siècles, Venise est impliquée dans différentes guerres contre Gênes, sa principale rivale commerciale. Pendant la guerre de 1378-1381, Gênes est contrainte de reconnaître la suprématie de Venise. Des guerres de conquête permettent à la cité d’acquérir des territoires voisins et, à la fin du XVe siècle, ce petit État est la principale puissance navale du monde chrétien.

Guerres turco-vénitiennes

Grand amiral de la flotte de la Sérénissime, le doge Francesco Morosini, dit le Péloponnésien, a guidé les Vénitiens contre les Turcs de 1684 à 1688 dans leur reconquête de la Morée.

Peinture anonyme du xviie siècle. Musée Correr, Venise.

Archivi Alinari

Au milieu du XVe siècle, le début des invasions ottomanes marque le déclin de la suprématie vénitienne. En 1497-1498, la découverte d’une route maritime vers les Indes en contournant le cap de Bonne-Espérance, par le navigateur portugais Vasco de Gama, accélère son déclin. En 1509, l’empereur Maximilien, le pape et le roi de France Louis XII s’associent contre Venise en formant la ligue de Cambrai. L’association est défaite l’année suivante, mais Venise, toujours en guerre contre les Ottomans aux XVIe et XVIIe siècles, s’affaiblit, perdant Chypre, prise en 1489, la Crète (1669) et ses comptoirs dans le Péloponnèse.

Vue de Venise

Reuwich, Vue de Venise

Cette xylographie du graveur allemand Erhard Reuwich (v. 1460-1490) présente une vue des Schiavoni à Venise, quai auquel sont arrimées les célèbres gondoles. On peut reconnaître le campanile de Saint-Marc, le palais des Doges (avec à l’arrière les coupoles de la basilique Saint-Marc) et le pont des Soupirs. Au xve siècle, la république de Venise était à son apogée en tant que puissance maritime et commerciale.

Erhard Reuwich, Vue de Venise in Peregrinatio in Terram Sanctam de Bernhard von Breydenbach (v. 1440-1497). Musée Carnavalet, Paris.

Agenzia LUISA RICCIARINI—MILANO

En 1797, la République vénitienne est conquise par Napoléon Bonaparte qui livre le territoire à l’Autriche. En 1805, l’Autriche est contrainte de restituer Venise au royaume d’Italie, alors sous domination française, mais reprend le territoire en 1814. Un an plus tard, la Lombardie et la Vénétie sont réunies pour former le royaume lombardo-vénitien. En 1848, les Vénitiens, sous la conduite de Daniele Manin, se révoltent contre la domination autrichienne et établissent une nouvelle république ; celle-ci est renversée par l’Autriche l’année suivante. En 1866, après la guerre austro-prussienne, Venise est intégrée au royaume d’Italie créé quelques années plus tôt.

Canaletto, Vue de Venise

Le tableau représente, au premier plan, le Grand Canal et la Piazzetta, et, en arrière-plan, la pointe de la Douane et l’église Santa Maria della Salute.

Canaletto, le Môle, la Bibliothèque et l’église de la Salute, 1730. Huile sur toile, 58,5 × 102 cm. Knutsford (Cheshire), Tatton Park.

John Bethell/The National Trust Photographic Library/Art Resource, NY

Population (2005) : 271 251 habitants.

Encarta 2007.

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