Woody Allen

cinéma
Auteur:
Source ou livre:
Numéro de la page:

1 PRÉSENTATION

Allen, Woody (1935- ), acteur, scénariste et réalisateur de cinéma américain.

Délaissé dans son pays natal mais admiré en Europe (notamment en France), Woody Allen déroule sans faillir le fil de son inspiration au gré de films tour à tour profonds et « légers ». Son œuvre et son discours sur le cinéma recèlent toujours plusieurs niveaux de lecture, de l’hommage aux figures du passé à l’autodérision.

2 LES PREMIÈRES TENTATIVES ARTISTIQUES

2.1 Télévision et cabaret

Né à New York, dans le quartier de Brooklyn, Allen Stewart Konigsberg (dit Woody Allen) est autodidacte, malgré un bref passage à l’université et au collège de New York, dont il est rapidement exclu. À 15 ans, il signe des textes humoristiques sous le nom de Woody Allen puis, à 19 ans, vend des gags à la chaîne de télévision NBC, se marie et entreprend sa première analyse. Ses dons pour les one-liners (plaisanteries en une ligne) lui permettent très rapidement de gagner beaucoup d’argent. Il devient alors rédacteur dans l’équipe de Sid Caesar pour l’émission à succès Show of Shows.

À partir de 1961, il se produit lui-même comme comédien dans les cabarets et à la télévision. Le producteur Charles Feldman le remarque au Blue Angel et l’engage pour écrire le scénario de Quoi de neuf Pussycat ? (What’s New, Pussycat?, 1965) de Clive Donner, où il tient un rôle important aux côtés de Peter O’Toole, Romy Schneider et Peter Sellers.

2.2 Cinéma et théâtre

Woody Allen procède ensuite à un détournement du film Kizino kizi de Taniguchi Senkichi, cinéaste japonais, en y ajoutant un commentaire très personnel et en filmant quelques scènes additionnelles, puis rebaptise le film Lily la tigresse (What’s Up, Tiger Lily?, 1966). Il travaille parallèlement sur Casino Royale (1967) de John Huston, Val Guest, Ken Hughes, Robert Parrish et Joseph McGrath, dans lequel il incarne le neveu de James Bond. Pour le théâtre, il écrit Une aspirine pour deux (Play It Again, Sam, 1969), porté à l’écran par Herbert Ross sous le titre de Tombe les filles et tais-toi (Play It Again, Sam, 1972), et Nuits de Chine (Don’t Drink the Water, 1972), tourné par Howard Morris avec Jackie Gleason dans le rôle principal.

3 LA FILMOGRAPHIE DE WOODY ALLEN : ENTRE DUALITÉ ET FIDÉLITÉ

3.1 La mise en place d’une thématique

En 1969, Woody Allen interprète, écrit et réalise son premier film, Prends l’oseille et tire-toi (Take the Money and Run), dans lequel il joue autant de l’absurde que du burlesque et de la parodie, puis récidive avec Bananas (1971), Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans oser le demander (Everything You Always Wanted To Know About Sex But Were Afraid To Ask, 1972) et Woody et les Robots (Sleeper, 1973).

En 1975 toutefois, le cinéaste s’engage dans une voie nouvelle et aborde des thèmes à la fois sérieux et comiques — cette cohabitation d’univers en apparence contradictoires est restée l’une des marques de fabrique de l’œuvre de Woody Allen — dans Guerre et Amour (Love and Death).

3.2 La « trilogie introspective »

Annie Hall (1977) confirme cette tendance et témoigne de sa volonté de construire une œuvre en partie autobiographique où il alterne humour juif et émotion avec des personnages citadins, névrosés et dissertant de façon burlesque ou délirante sur l’amour, le sexe et la mort. Le film récolte les oscars du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario et de la meilleure actrice — Diane Keaton, qui devient l’une des partenaires privilégiées de l’auteur–acteur-réalisateur.

Woody Allen signe ensuite un drame où il n’apparaît pas lui-même comme acteur, Intérieurs (Interiors, 1978), œuvre influencée par le style du réalisateur suédois Ingmar Bergman, mais revient à la comédie de mœurs avec Manhattan (1979), où il dresse un portrait intime de New York, sa ville fétiche, et trouve une écriture d’images et de sons qui lui est tout à fait personnelle.

3.3 Des obsessions « comico-existentielles »

Il réalise alors Stardust Memories (1980), réflexion existentielle sur la création, Comédie érotique d’une nuit d’été (A Midsummer Night’s Sex Comedy, 1982), nouvel hommage d’une douce ironie aux œuvres d’Ingmar Bergman dans lequel il dirige Mia Farrow pour la première fois, Zelig (1983), film d’avant-garde comique et Broadway Dany Rose (1984), pétillante parodie policière dans les milieux du spectacle et de la mafia. Il réalise ensuite, sans y être acteur, la Rose pourpre du Caire (The Purple Rose of Cairo, 1985), mélodrame qui analyse les rapports de la fiction et de la réalité, avec un remarquable sens de la fluidité.

Woody Allen tourne par la suite plusieurs films graves — la « série » est toutefois interrompue par quelques comédies — et affirme un style cinématographique encore plus formel laissant libre cours à ses obsessions « comico-existentielles » : Hannah et ses sœurs (Hannah and Her Sisters, 1986), Radio Days (1987), September (1987), Une autre femme (Another Woman, 1988), Oedipus Wrecks dans New York Stories (1989), Crimes et Délits (Crimes and Misdemeanors, 1989), Alice (1990), Ombres et Brouillard (Shadows and Fog, 1991) et Maris et Femmes (Husbands and Wives, 1992).

3.4 Un cinéaste « libéré »

Meurtre mystérieux à Manhattan (Manhattan Murder Mystery, 1993) marque un tournant dans la filmographie de Woody Allen en inaugurant un cycle de films moins nourris de ses obsessions névrotiques et qui semblent privilégier une approche plus détachée et une plus grande liberté de ton et de forme : Coups de feu sur Broadway (Bullets Over Broadway, 1994), Don’t Drink the Water, film de télévision réalisé en 1995, Maudite Aphrodite (Mighty Aphrodite, 1995), Tout le monde dit I Love You (Everyone Says I Love You, 1996), Harry dans tous ses états (Deconstructing Harry, 1997), Celebrity (1998), Accords et Désaccords (Sweet and Lowdown, 1999), Escrocs mais pas trop (Small Time Crooks, 2000) et le Sortilège du scorpion de Jade (The Curse of the Jade Scorpion, 2001) illustrent ainsi le plaisir intact et toujours renouvelé d’un cinéaste passionné.

3.5 Reconnaissance et désenchantement

Fidèle à son rythme annuel de production, Woody Allen signe ensuite une satire de l’industrie cinématographique hollywoodienne, Hollywood Ending (2002). Le film est présenté hors compétition en ouverture du 55e festival de Cannes ; pour sa première « montée des marches », Woody Allen reçoit en outre la palme des Palmes pour l’ensemble de son œuvre. Anything Else (2003) évoque pour sa part la thématique du double, Woody Allen incarnant le guide spirituel d’un jeune auteur ; le réalisateur y distille une vision tour à tour assagie, nostalgique et paranoïaque de la vie. Puis la comédie se confond avec la tragédie dans Melinda et Melinda (2004), tandis que Match Point (2005) est un film noir tourné en Angleterre (le financement est également anglais) ; unanimement salué par la critique, contrairement à ses œuvres précédentes, le film évoque, sans complaisance ni illusions, les faux-semblants qui sous-tendent, jusqu’à la tragédie, l’ascension sociale d’un jeune homme.

4 LES ACTIVITÉS « ANNEXES » DE WOODY ALLEN

Parallèlement à sa carrière de réalisateur, Woody Allen apparaît comme acteur dans le Prête-Nom (The Front, 1976) de Martin Ritt et dans Scènes de ménage dans un centre commercial (Scenes from A Mall, 1991) de Paul Mazursky. Il prête également sa voix pour le film d’animation Fourmiz (Antz, 1998) de Damell et Johnson.

Il est l’auteur de pièces de théâtre — Death Knocks, Death, God, The Query et The Floating Lightbulb — et d’essais — Pour en finir avec la culture (Getting Even, 1971), Dieu, Shakespeare et moi (Without Feathers, 1976) et Side Effects (1981).

Woody Allen s’adonne par ailleurs régulièrement à un autre de ses passe-temps favoris : la clarinette. Il joue des airs de dixieland (voir jazz) et entreprend en 1996 une tournée européenne au sein d’un groupe de jazz, le New Orleans Jazz Band.

Source: Encarta 2007

comments powered by Disqus