Gabriel García Márquez

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PRÉSENTATION

García Márquez, Gabriel (1928-2014 ), journaliste et écrivain colombien, dont l’univers romanesque, imprégné de « réalisme magique », a marqué l’évolution du roman latino-américain.

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NAISSANCE D’UNE VOCATION, NAISSANCE D’UN ENGAGEMENT

Né à Aracataca, dans le nord de la Colombie, Gabriel García Márquez grandit dans le foyer de ses grands-parents maternels. Il quitte Aracataca avec ses parents pour Barranquilla, puis Zipaquira, où il passe son baccalauréat en 1946. Il part ensuite pour Bogota, où il étudie le droit puis s’oriente vers le journalisme, tout en écrivant ses premières nouvelles.

Confronté à la crise politique que traverse son pays García Márquez préfère quitter la capitale et s’installer à Barranquilla, où il devient rédacteur pour le journal El Heraldo (1948-1952). Il se lie avec le Groupe de Baranquilla qui réunit des jeunes amoureux de la littérature, ainsi qu’avec des écrivains comme Alvaro Cepeda Samudio, Alvaro Mutis ou encore Plinio Mendoza. Il découvre alors les œuvres de Faulkner, Kafka, Hemingway et Joyce. Il retourne à Bogota et devient correspondant pour El Espectador. Il publie Des feuilles dans la bourrasque (La Hojarasca, 1955) puis Récit d’un naufragé (Relato de un naúfrago, 1955), recueil de chroniques dont le sujet — un vaste trafic de drogue — lui vaut les foudres du gouvernement en place.

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LES ANNÉES DE L’EXIL

El Espectador l’envoie à Rome puis à Paris, où il travaille pour le journal jusqu’à sa fermeture par le dictateur colombien Pinilla. Il s’attache alors à la rédaction de La Mala Hora (1962) et visite une grande partie de l’Europe (Allemagne de l’Est, Union soviétique, Hongrie). De retour en Colombie, il épouse Mercedes Marcha Pardo. Après la révolution cubaine, il ouvre, à Bogota en 1959, un bureau de l’agence d’informations cubaine Prensa Latina en Colombie, pour laquelle il est correspondant à La Havane puis à New York. En désaccord avec le régime castriste, il démissionne en 1961. Par ailleurs, la situation politique de son pays l’incite à partir s’installer au Mexique. Il y publie les Funérailles de la Grande Mémé (Los funerales de la Mamá Grande, 1962) et y commence la rédaction de Cent Ans de solitude (Cien años de soledad), publié à Buenos Aires en 1967. De 1968 à 1974, il vit en Espagne, où il poursuit son activité politique, journalistique et littéraire.

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MACONDO : THÉÂTRE D’UNE NOSTALGIE

La modeste ville d’Aracataca devient, sous le nom de Macondo, le cadre privilégié de l’œuvre de García Márquez. Elle se situe dans une région qui connaît, au début du xxe siècle, l’opulence et la prospérité grâce à la « fièvre de la banane » mais qui, après une décadence progressive, vit dans une nostalgie collective d’un temps passé où se mêlent souvenirs et revenants. Enfant, Gabriel García Márquez s’est interrogé sur ses racines et sur le destin de ses aïeuls venus s’installer dans cette région au début du siècle. Cette histoire, celle des siens, nourrit une grande partie de son œuvre, notamment ses premiers récits, Des feuilles dans la bourrasque, Pas de lettre pour le colonel (El coronel no tiene quien le escriba, 1961), La Mala Hora (1962), et ses contes, les Funérailles de la Grande Mémé.

Macondo, village imaginaire, illustre par son caractère archétypal la décadence d’une certaine Colombie, puis de l’Amérique latine tout entière. Véritable microcosme, ce village devient rapidement le symbole de toute l’humanité. Ces récits, où perce l’influence de William Faulkner, contiennent en germe les thèmes essentiels — violence, mort et solitude — de la production postérieure de l’auteur. Ils reprennent, en se répondant l’un à l’autre, avec un extrême dépouillement, une seule et même histoire, indéfiniment recommencée et toujours différente.

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CENT ANS DE SOLITUDE

Le roman le plus célèbre de García Márquez, Cent Ans de solitude_,_ est un récit épique et foisonnant contant l’histoire d’une famille colombienne, les Buendia, à travers plusieurs générations. L’auteur joue avec la temporalité, dont il détruit la linéarité par une série complexe de répétitions et d’échos. La structure cyclique du récit donne une forte unité à la multiplicité des thèmes et des images. Ainsi, le roman atteint une portée mythique et universelle. Cent Ans de solitude est généralement considéré comme un des principaux chefs-d’œuvre du réalisme magique où se mêlent merveilleux, vie quotidienne et événements historiques.

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L’AMOUR AU TEMPS DU CHAOS POLITIQUE

L’Automne du patriarche (El otoño del patriarca, 1975) propose le portrait d’un dictateur hispano-américain sénile et offre une réflexion pessimiste sur le pouvoir et le totalitarisme. Le thème politique et social n’est jamais absent d’une œuvre qui se poursuit avec Chronique d’une mort annoncée (Crónica de una muerte anunciada, 1981), l’Amour aux temps du choléra (El amor en los tiempos del cólera, 1985), le Général dans son labyrinthe (El general en su laberinto, 1990) et De l’amour et autres démons (Del amor y otros demonios, 1994).

García Márquez est également auteur de recueils de contes (dont Douze Contes vagabonds [Doce cuentos peregrinos], 1992).

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JOURNAL D’UN ÉCRIVAIN ENGAGÉ

Grâce à une invitation officielle, l’écrivain retourne dans son pays au début des années 1980, et joue le rôle de médiateur entre le gouvernement colombien et les rebelles révolutionnaires. Il publie en 1996 Journal d’un enlèvement (Noticia de un secuestro) où il relate, à partir des témoignages des victimes et de leurs proches, l’enlèvement de huit journalistes colombiens par le cartel de Medellín. Depuis, à nouveau en exil volontaire, García Márquez ne cesse de lutter pour la paix et contre la corruption qui meurtrit son pays natal.

Longue méditation sur la mort physique et sur la mort morale, où réel et fantastique cohabitent, l’œuvre de García Márquez, ancrée dans le continent sud-américain, s’élève à la valeur du mythe universel. Elle est couronnée par le prix Nobel de littérature en 1982. L’écrivain a également entrepris la rédaction de son autobiographie, sorte de testament littéraire, dont le premier tome, Vivre pour la raconter (Vivir para contarla, 2002), est une sorte de genèse de sa vocation d’écrivain. Outre le récit de son enfance, il y raconte son parcours littéraire tout en insistant sur ses influences.

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