Michel-Ange

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PRÉSENTATION

Vasari, Portrait de Michel-Ange

Admiratif du génie de Michel-Ange, Giorgio Vasari, artiste et célèbre historien de l’art, a réalisé le portrait de ce dernier sur la fresque commandée par le cardinal Alexandre Farnèse pour la Salle des Cent Jours du palais de la Chancellerie à Rome.

Giorgio Vasari, Portrait de Michel-Ange, 1542-1546. Fresque. Palazzo della Cancelleria, Salle des Cent Jours, Rome.

Palazzo Cancellaeria, Rome, Italy/Canali PhotoBank, Milan/SuperStock

Michel-Ange (1475-1564), sculpteur, architecte, peintre, dessinateur et poète italien.

Artiste du Cinquecento italien (XVIe siècle), Michel-Ange représente, avec Léonard de Vinci, le type même du génie de la Renaissance. Ses réalisations — pour l’essentiel des commandes florentines et romaines — ont durablement marqué l’histoire de l’art occidental. Par la composition de ses œuvres, de la plastique sculpturale de ses ignudi (« nus ») à la franchise des couleurs, Michel-Ange a ouvert la voie au maniérisme et au baroque.

2

FORMATION DU FLORENTIN

Né dans le village de Caprese, près d’Arezzo, Michelangelo Buonarroti — dit Michel-Ange — est lié à la famille Médicis par son père Ludovico, qui travaille pour la république de Florence. À l’âge de 13 ans, il est placé en apprentissage dans l’atelier du peintre Domenico Ghirlandaio où il réalise notamment des copies de Giotto et de Masaccio. Puis en 1489, il entre dans l’école de Bertoldo di Giovanni — sculpteur attaché à la collection d’antiques du jardin des Médicis, près du couvent San Marco de Florence —, où il étudie la sculpture antique. Laurent de Médicis, dit le Magnifique, ne tarde pas à remarquer l’aisance du jeune homme à concevoir des formes nouvelles et l’invite bientôt chez lui. Michel-Ange a alors l’occasion de rencontrer les plus jeunes des Médicis (dont les deux futurs papes Léon X et Clément VII) et fréquente également un cercle d’humanistes et de lettrés (tels que Marsile Ficin, Francesco Landini et Politien) qui vont fortement l’influencer : Michel-Ange, également poète, a laissé des vers portant sur l’art, mais également sur la philosophie néoplatonicienne et sur ses relations personnelles.

À l’âge de 16 ans, Michel-Ange a déjà produit au moins deux bas-reliefs, dont le Combat des Lapithes et des Centaures (1490-1492, Casa Buonarroti, Florence) qui fait référence aux sarcophages de l’Antiquité tardive. Son mécène, Laurent de Médicis, meurt en 1492 et, fin novembre 1494, Michel-Ange quitte Florence, au moment où les Médicis en sont temporairement expulsés. Il gagne Venise, puis Bologne, où il complète par plusieurs statuettes en marbre (saint Pétrone et saint Procule, 1494-1495) la châsse de saint Dominique réalisée au XIIIe siècle par l’atelier de Nicola Pisano et poursuivie, entre 1469 et 1473, par le sculpteur bolonais Niccolo dell’Arca (église San Domenico, Bologne).

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CHEFS-D’ŒUVRE DE JEUNESSE

Michel-Ange, Cupidon

Authentifiée en 1996 par une experte en beaux-arts, l’Américaine Kathleen Weil-Garris Brandt, qui l’avait remarquée dans un vestibule du Centre culturel français de New York, cette petite statue de Cupidon pourrait être le Cupidon perdu de Michel-Ange, une production de jeunesse de l’artiste.

Michel-Ange (attribué à), _Cupidon,_xvie siècle. Collection particulière.

UPI/C.L. Cornish/REUTERS

En 1496, Michel-Ange se rend pour la première fois à Rome, où il peut examiner de nombreuses statues et ruines antiques récemment mises au jour. Il produit bientôt sa première sculpture de grandes dimensions, le Bacchus (hauteur : 2,03 m, 1496-1498, musée national du Bargello, Florence). Cette sculpture, qui fait partie de ses rares œuvres d’inspiration païenne, rivalise avec les statues de la Rome impériale que l’on admire beaucoup à cette époque depuis les fouilles entreprises à la villa d’Hadrien. Les figures sont placées en équilibre, dans une pondération toute classique.

3.1

La Pietà de Rome

Michel-Ange, Pietà

Pour Michel-Ange, la sculpture doit être per la di levare, c’est-à-dire « par la taille » : le bloc est attaqué directement, sans que les erreurs puissent être corrigées. La première Pietà qu’il exécute lui est commandée par un cardinal français, Villiers de La Groslaye. Le sculpteur en compose deux autres versions, restées inachevées, dans les années 1550 : la Pietà (Museo dell’Opera del Duomo, Florence) et la Pietà Rondanini (Castello Sforzesco, Milan).

Michel-Ange, Pietà, 1498-1499. Marbre poli, hauteur : 174 cm, largeur de la base : 195 cm, profondeur : 69 cm. Basilique Saint-Pierre, Cité du Vatican (Rome, Italie).

Bridgeman Art Library, London/New York

À la même époque, Michel-Ange réalise dans un bloc de marbre la Pietà (1498-1499), conservée aujourd’hui à son emplacement d’origine, dans la basilique Saint-Pierre. Cette Pietà, l’une des plus célèbres œuvres d’art de tous les temps, est probablement achevée par Michel-Ange avant l’âge de 25 ans et c’est la seule œuvre qu’il signe. Représentée assise avec dignité, tenant le Christ mort sur ses genoux, la Vierge Marie est l’image même de la mater dolorosa, une Vierge de douleur et de résignation.

3.2

Le David de Florence

Michel-Ange, David

Symbole de l’indépendance de la République aristocratique florentine, le David, installé à l’origine place de la Seigneurie, incarne la perfection du gouvernement dont Machiavel est le secrétaire.

Michel-Ange, David, 1501-1504. Marbre, h. : 4,10 m. Galleria dell’Accademia, Florence.

Bridgeman Art Library, London/New York

Au printemps 1501, l’artiste rentre à Florence. Son style de jeunesse trouve alors son apogée dans le David géant de marbre (4,34 m de haut, galleria dell’Accademia, Florence), qu’il réalise entre 1501 et 1504, pour la Seigneurie florentine. Le personnage de l’Ancien Testament est représenté en jeune homme nu, musclé et portant son regard au loin comme s’il évaluait son ennemi Goliath. Plutôt que de mettre l’accent sur l’action en elle-même, l’artiste préfère figurer le moment de réflexion intérieure qui précède le geste de violence. Le David, entendu comme le symbole de l’invincibilité de la République florentine, est tout d’abord installé sur la place de la Seigneurie, devant le Palazzo Vecchio (l’hôtel de ville de Florence). Avec cette statue, Michel-Ange prouve à ses contemporains — en ajoutant à la beauté formelle une grande expressivité et une puissante signification — qu’il surpasse tous les artistes modernes mais aussi les Gréco-Romains de l’Antiquité.

3.3

Les premières peintures

Michel-Ange, Tondo Doni

Le Tondo Doni, ou Sacra Famiglia (Sainte Famille), est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de Michel-Ange. Sont représentées sous forme d’allégories les trois grandes étapes de l’histoire du monde : en arrière-plan, les ignudi (« nus ») correspondent à l’époque du paganisme, avant la loi de Moïse ; au-devant, le petit saint Jean (en bas, à droite) et saint Joseph (derrière la Vierge Marie) symbolisent l’époque de l’Ancien Testament ; au premier plan, la Vierge à l’Enfant marque le début de l’époque de l’Incarnation du Christ. L’œuvre a été commandée à Michel-Ange par Agnolo Doni, sans doute à l’occasion du mariage de ce mécène florentin avec Maddalena Strozzi (dont les armes sont gravées dans le cadre), ou de la naissance de leur fille aînée Maria en 1507.

Michel-Ange, Tondo Doni, v. 1504 ou 1507. Panneau a tempera en forme de tondo, diamètre : 120 cm (tableau), 173 cm (tableau dans son cadre original). Galerie des Offices, Florence.

Agenzia LUISA RICCIARINI—MILANO

Tout en travaillant à son David, Michel-Ange a l’occasion de démontrer ses capacités de peintre dans l’exécution d’une commande en 1504, la Bataille de Cascina, pour la salle du Conseil des Cinq-Cents du Palazzo Vecchio ; cette œuvre doit faire face à la Bataille d’Anghiari confiée à son grand rival Léonard de Vinci. Finalement, aucun des deux artistes ne mène à bien ce projet.

Le premier tableau finalement réalisé par Michel-Ange est le Tondo Doni ou la Sainte Famille (v. 1507, galerie des Offices, Florence) qu’il réalise à la même époque que deux sculptures, le Tondi Pitti (v. 1504-1505, musée national du Bargello, Florence) et le Tondo Taddei (v. 1505-1506, Royal Academy, Londres). Dans cette première œuvre picturale, il tente de dépasser les limites de la peinture et de lui donner la maîtrise de la matière que possèdent ses sculptures.

4

PREMIÈRES COMMANDES DU VATICAN

4.1

La voûte de la chapelle Sixtine

Michel-Ange, Étude de nu

Michel-Ange, Étude de nu pour la voûte de la chapelle Sixtine, v. 1511. Dessin, 27,9 × 21,4 cm. Teylers Museum, Haarlem (Pays-Bas).

Teylers Museum

En 1505, Michel-Ange est rappelé à Rome par le pape Jules II pour la réalisation de deux commandes. La plus importante est celle des fresques de la voûte de la chapelle Sixtine, qui l’occupe de mai 1508 jusqu’en octobre 1512. Travaillant couché sur le dos, sur un échafaudage monté au-dessus de la chapelle, Michel-Ange peint certaines des plus belles représentations de tous les temps. Sur la voûte de la chapelle papale, il conçoit un système de décoration complexe, comprenant neuf scènes tirées du livre de la Genèse, commençant par Dieu séparant la lumière des ténèbres et comprenant la Création d’Adam, la Création d’Ève, la Tentation, la Chute d’Adam et Ève, et le Déluge universel. Ces scènes historiées, qui occupent la position centrale, sont entourées en alternance de représentations de prophètes et de sibylles, sur des trônes de marbre, et d’autres personnages de l’Ancien Testament ou d’ancêtres du Christ. Pour la préparation de cette œuvre gigantesque, Michel-Ange dessine de nombreuses études et cartons, concevant ainsi des dizaines de personnages et de poses. Ces représentations impressionnantes et puissantes, qui démontrent une parfaite maîtrise de l’anatomie humaine et du mouvement, ont radicalement transformé le cours de l’évolution de la peinture en Occident.

4.2

Le tombeau de Jules II

Michel-Ange, Moïse

Le Moïse de Michel-Ange était destiné initialement au tombeau du pape Jules II. L’artiste proposa six versions différentes du monument funéraire ; la statue du fondateur de la nation d’Israël fut exécutée lors du deuxième projet.

Michel-Ange, Moïse, 1513-1516. Marbre poli, hauteur : 2,33 m. Église Saint-Pierre-aux-Liens, Rome.

Scala/Art Resource, NY

Avant de s’attaquer à la voûte de la chapelle Sixtine, en 1505, Michel-Ange a reçu une commande de la part de Jules II pour la réalisation de son tombeau qui doit figurer dans la nouvelle basilique Saint-Pierre, alors en construction. Ce projet — qui occupe l’artiste pendant quelque quarante années —, il l’envisage comme le monument du classicisme chrétien, dans lequel doivent fusionner architecture et sculpture. Il constitue un véritable défi, puisqu’il est prévu à l’origine qu’il comporte plus de quarante statues. Michel-Ange passe des mois dans les carrières à sélectionner le marbre de Carrare dont il a besoin. Mais pour diverses raisons, le pape intime l’ordre à l’artiste d’abandonner ce titanesque travail au profit de la voûte de la chapelle Sixtine. À plusieurs reprises, Michel-Ange revient à son ouvrage jusqu’au jour où il finit par se résigner à la solution minimale que l’on connaît aujourd’hui.

Michel-Ange, Esclave mourant

Créé par Michel-Ange pour le mausolée inachevé de Jules II de Saint-Pierre-aux-Liens de Rome, cet Esclave est sans doute un symbole des Arts Libéraux ou, peut-être, de l’esprit entravé par la matière. Le musée du Louvre et la galleria dell’Accademia de Florence conservent d’autres statues d’esclaves de la main du maître, plus ou moins achevées et toutes destinées à prendre place autour de la vaste composition.

Michel-Ange, Esclave mourant, v. 1513-1515. Marbre, hauteur : 209 cm. Département des sculptures, musée du Louvre, Paris.

Francis G. Mayer/Corbis

Toutefois, il a eu le temps de réaliser pour ce tombeau certaines de ses plus belles sculptures, dont le Moïse (1513-1516, église Saint-Pierre-aux-Liens, Rome), la figure centrale de ce monument fortement réduit, aujourd’hui à nouveau visible après avoir subi une importante restauration au début du XXIe siècle. Les deux statues non retenues pour le projet final et appartenant à la série des Esclaves (v. 1513-1515, musée du Louvre, Paris) sont révélatrices de la méthode employée par Michel-Ange. Il conçoit son personnage comme s’il était emprisonné dans le bloc. Son travail consiste ainsi à extraire la pièce en excès pour libérer la forme de la statue. Nombre des statues de Michel-Ange sont toutefois restées inachevées (ainsi les quatre autres Esclaves de la galleria dell’Accademia de Florence).

5

MICHEL-ANGE À LA COUR DES MÉDICIS

Bien que le projet de sépulture du pape Jules II ait nécessité une approche architecturale, les activités d’architecte proprement dit de Michel-Ange ne commencent véritablement qu’en 1519, avec le dessin de la façade (jamais exécutée) de l’église San Lorenzo de Florence, où il a de nouveau élu domicile après le retour des Médicis au pouvoir.

5.1

La bibliothèque Laurentienne

Bibliothèque Laurentienne (Florence)

Commande du pape Clément VII, la bibliothèque Laurentienne de Florence est une œuvre dessinée par Michel-Ange (v. 1524-1534). Après le départ de l’artiste pour Rome, la direction des travaux est confiée aux architectes Giorgio Vasari et Bartolomeo Ammannati. À partir des dessins du maître, ce dernier réalise en particulier le splendide escalier du vestibule, modèle d’architecture maniériste.

Scala/Art Resource, NY

Vers 1524, Michel-Ange reçoit commande du nouveau pape Clément VII (de la lignée des Médicis) d’une bibliothèque qui puisse accueillir les nombreux volumes de la famille florentine. Il réalise alors les dessins de la bibliothèque Laurentienne et son élégante entrée, attenante à San Lorenzo. Pour ce travail, l’artiste prend pour point de départ l’ébauche de ses prédécesseurs florentins, mais il sait y insuffler cette énergie débordante caractéristique de sa sculpture et de sa peinture. Au lieu de suivre l’exemple des Gréco-Romains, Michel-Ange utilise les motifs des colonnes et des frontons à des fins de personnalisation et d’expressivité.

5.2

La chapelle funéraire des Médicis

Michel-Ange, Tombeau de Laurent de Médicis

Laurent II de Médicis (1492-1519), petit-fils de Laurent le Magnifique et père de Catherine de Médicis, ami des arts, décède prématurément, à l’âge de 27 ans. Michel-Ange le représente assis, dans une attitude méditative, détournant la tête de la figure de l’Aurore pour contempler la figure du Crépuscule (sculpture inachevée), expression du triomphe de la Mort.

Michel-Ange, Tombeau de Laurent, duc d’Urbin, 1519-1534. Chapelle des Médicis, église San Lorenzo, Florence.

Cappella Medici, Florence/Bridgeman Art Library, London/New York

Au cours de ses séjours à Florence, Michel-Ange réalise également la chapelle funéraire des Médicis qui lui est commandée pour la nouvelle sacristie de San Lorenzo (1524-1534). Le projet initial prévoyait quatre tombeaux — pour Laurent le Magnifique, Julien de Médicis (son frère), Julien, duc de Nemours (son fils) et Laurent, duc d’Urbino (son neveu) — et deux sépultures — celles des papes Léon X et Clément VII. L’œuvre, complexe, est finalement constituée de deux grands cénotaphes muraux situés l’un en face de l’autre, celui de Laurent, duc d’Urbino, et celui de Julien, duc de Nemours. Michel-Ange place les allégories de l’Aurore et du Crépuscule de chaque côté de la statue de Laurent assis (un homme à la personnalité contemplative et introvertie), et celles du Jour et de la Nuit de chaque côté de Julien (personnage actif et extraverti) ; quatre fleuves de l’enfer — des statues de dieux couchés — auraient dû figurer à un niveau inférieur mais elles n’ont jamais été exécutées. Les travaux sur la chapelle funéraire des Médicis se sont poursuivis bien après le retour définitif de Michel-Ange à Rome en 1534.

6

NOUVELLES COMMANDES DU VATICAN

6.1

La fresque du Jugement dernier

Michel-Ange, le Jugement dernier

Commandée par Clément VII mais exécutée sous le pontificat de Paul III Farnèse, la fresque du Jugement dernier est commencée par Michel-Ange en 1536.

La scène s’inscrit dans un espace dépourvu de toute architecture : une lumière chaude et bleue (l’artiste emploie notamment comme pigment le lapis-lazuli) baigne les personnages — les élus, les damnés et les ressuscités — distribués autour des figures centrales du Christ et de la Vierge. Dans les lunettes, deux groupes d’anges portent les instruments de la Passion : la colonne de la flagellation et la lance à droite, la croix, la couronne d’épines et les dés à gauche. Parmi les personnages figurent notamment Adam, les martyrs saint André, saint Laurent et saint Barthélemy, ainsi que saint Pierre, tenant les clés du paradis. Sur la gauche, les ressuscités montent vers le ciel ; sur la droite, les démons poussent les damnés vers l’enfer.

La fresque, inaugurée le 25 décembre 1541, a suscité scandale et admiration. En 1564, le pape Pie V, choqué par ces nudités qui « de façon si inconvenante montrent leurs hontes », a décidé d’« arranger » la fresque par des drapés (braghe) habilement disposés.

Michel-Ange, le Jugement dernier, 1536-1541. Fresque, 1370 × 1220 cm. Chapelle Sixtine, musées du Vatican, Cité du Vatican (Rome, Italie).

Bridgeman Art Library, London/New York

En novembre 1536, Michel-Ange entreprend à Rome l’exécution du Jugement dernier pour le mur de l’autel de la chapelle Sixtine. Cette fresque, la plus grande de la Renaissance, représente l’épisode apocalyptique du jour du Jugement. De part et d’autre du Christ, les élus (sur la gauche) sont emportés par un mouvement ascensionnel, tandis que les damnés (sur le côté droit de la fresque) chutent vers les Enfers. Vers 1541, alors qu’il vient d’achever le Jugement dernier, l’artiste reçoit une nouvelle commande pour la décoration de la chapelle privée de Paul III, la chapelle Pauline du Vatican (1542-1550). Les fresques qu’il y réalise apparaissent comme un approfondissement du Jugement dernier de la chapelle Sixtine. Cependant, malgré cette nouvelle commande de peinture, il préfère consacrer son énergie à des réalisations architecturales.

6.2

Les dernières œuvres architecturales

Place du Capitole à Rome

Vue de la place du Capitole, à l’élégant dallage, au centre de laquelle se dresse aujourd’hui une copie de la statue équestre de Marc Aurèle (l’original est exposé depuis 1998 au Palais des Conservateurs qui jouxte la place). Conçue par Michel-Ange en 1536, la place, par l’unité de sa conception et par son harmonie d’ensemble, est une des plus belles expressions de l’architecture renaissante.

Gaetano di Filippo/Grazia Neri

En 1537, Michel-Ange l’architecte se voit confier le réaménagement de la place du Capitole, cœur civique et politique de la cité de Rome. L’œuvre telle qu’on la connaît aujourd’hui a été achevée au XVIIe siècle, mais dans l’esprit de Michel-Ange : c’est lui qui a dessiné la place sous sa forme ovale, tout à l’entour de la statue antique de l’empereur romain Marc Aurèle. En 1546, à la mort de l’architecte Sangallo le Jeune, Michel-Ange se voit confier la charge de poursuivre les travaux du palais Farnèse et de la basilique Saint-Pierre. Cette dernière, dont le projet initial de Bramante avait été fortement remanié, revient à l’esprit de son premier concepteur avec Michel-Ange qui propose en outre une vaste coupole pour alléger l’édifice.

7

PORTÉE DE L’ŒUVRE DE MICHEL-ANGE

Michel-Ange, Buste de Brutus

Michel-Ange, Buste de Brutus, 1539-1540. Marbre, hauteur : 74 cm. Musée national du Bargello, Florence.

Scala/Art Resource, NY

Au cours de sa longue existence (il meurt à l’âge de 89 ans), Michel-Ange est entré dans l’intimité de grands princes tel Laurent de Médicis, de papes comme Léon X, Clément VIII et Pie III, ainsi que de cardinaux, de peintres et de poètes. L’un de ses contemporains, le poète l’Arioste, a célébré l’artiste en ces termes : « Michel, plus que mortel, un ange divin ». Deux générations de peintres et de sculpteurs italiens — parmi eux Raphaël, Annibale Carrache, Pontormo, Rosso Fiorentino, Sebastiano del Piombo et Titien — ont été particulièrement influencées par son traitement de la représentation humaine. Mais l’œuvre de Michel-Ange a également privilégié certaines problématiques artistiques, dont la question de la lumière dans la sculpture et le rôle de la plastique dans l’architecture.

Encarta ® 2007.

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