Mozart

personnalites
Auteur:
Source ou livre:
Numéro de la page:

Mozart

Compositeur autrichien (Salzbourg, 1756 — Vienne, 1791).

Doué d’une mémoire prodigieuse et d’une rare précocité, Mozart s’illustre dès l’enfance dans la pratique instrumentale comme dans la création musicale. Mort prématurément, le compositeur laisse une œuvre considérable qui atteint la perfection dans tous les genres musicaux. La grâce, l’élégance et la pureté de son style révèlent une science de l’écriture unique dans l’histoire de la musique.

Mozart, enfant prodige

 Des sept enfants d’Anna Maria Pertl et de Leopold Mozart, vice-maître de chapelle, violoniste et compositeur à la cour du prince-archevêque de Salzbourg, seuls deux survivront: Wolfgang, né en1756, à Salzbourg, et sa sœur Nannerl (Maria Anna), de quatre ans son aînée. Très tôt, les deux enfants sont éduqués par leur père, surpris par l’incroyable précocité musicale du petit Wolfgang: à quatre ans, il connaît des pièces pour clavecin par cœur et compose dès l’année suivante. Voulant tirer parti de tels dons, Leopold entreprend une première tournée. Après un séjour de trois semaines à Munich et un concert donné pour l’Électeur de Bavière, la famille se rend à Vienne où Nannerl et Wolfgang triomphent devant l’impératrice. Soucieux de donner une formation solide à son fils, dont le talent attire déjà tant l’attention, et convaincu que les concerts du frère et de la sœur ne manqueront pas de financer le voyage, Leopold se résout à emmener sa famille à Londres et à Paris en faisant étape dans toutes les capitales musicales qui se trouvent sur la route.

Autriche : Salzbourg

À Paris, les concerts de Wolfgang, invité à Versailles, lui attirent, en1763, les éloges de l’encyclopédiste Melchior Grimm. Pendant son séjour à Londres, le jeune musicien se familiarise avec la musique italienne au contact des compositeurs et noue une profonde amitié avec Jean-Chrétien Bach. De retour à Salzbourg à la fin de novembre1766, l’enfant de dix ans, dont les premières symphonies ont été bien accueillies à Paris, étudie et compose. Un nouveau séjour à Vienne verra la représentation privée de Bastien et Bastienne (1768), et, l’année suivante, à Salzbourg, on donne son opéra bouffe La finta semplice et sa messe K. 66.

En décembre, Leopold se rend avec son fils en Italie, pour parfaire son éducation musicale. À Milan, Mozart rencontre les compositeurs Giovanni Battista Sammartini et Niccolo Piccinni; à Rome, où le pape ClémentXIV le nomme chevalier de l’Éperon d’or, il transcrit de mémoire le Miserere de Gregorio Allegri, entendu une seule fois à la chapelle Sixtine; à Bologne, il travaille le contrepoint avec le musicologue Padre Martini. De retour à Milan, Mozart se met à la composition de Mitridate re di Ponto, dont on donnera vingt-deux représentations à partir du 26décembre1770, qui seront suivies de vingt-deux autres. Durant les quelques mois passés à Salzbourg entre plusieurs voyages en Italie, Mozart s’emploie à satisfaire aux engagements pris: il compose un oratorio pour Padoue (La betulia liberata) et un nouvel opéra pour Milan (Lucio Silla). Entre-temps, le 9juillet1772, il est officiellement nommé, à seize ans, maître de concert à la cour du nouveau prince-archevêque de Salzbourg, le comte Colloredo.

Mozart, génie épanoui

Au service de son nouveau maître, Mozart doit écrire sur commande des œuvres au goût du jour et se produire comme interprète. Très vite, il étouffe dans ce cadre trop limité: durant le congé d’été accordé par Colloredo, son père l’emmène à Vienne en espérant pouvoir lui procurer un poste dans la capitale. Ce projet n’aboutit pas, mais le séjour viennois sera bénéfique: influencé autant que séduit par les quatuors de Haydn, Mozart en écrit six, et il s’imprègne de la sensibilité littéraire incarnée par Lessing et Goethe. Marqué par un nouveau contraste entre ombre et lumière, sa musique s’éloigne alors du modèle italien, qu’il privilégiait auparavant. Mais son élan créateur est freiné à nouveau par les commandes de Colloredo, qui affectionne le style galant. Un séjour à Munich, où l’on donne deux de ses messes et où son opéra La finta giardiniera, destiné à l’ouverture de la saison du carnaval de1774, recueille un franc succès, rompt la monotonie.

Mozart se détourne, à partir de1776, des concertos et sérénades pour composer de la musique sacrée. Finalement, lassé par le personnage de Colloredo et par l’exiguïté de sa situation provinciale, il démissionne en août1777 et quitte Salzbourg le mois suivant avec sa mère, y laissant son père, qui préfère conserver son poste de maître de chapelle. À Munich, les échos de sa brouille avec son patron lui ont causé du tort, et, sur les conseils de son père, il poursuit sa route jusqu’à Mannheim, ville musicale florissante. Il s’y épanouit au contact des compositeurs et des instrumentistes mais n’y obtient aucun engagement stable. En1778, il rencontre Aloysia Weber, dont il s’éprend. Mais Leopold envisage pour son fils un parti plus brillant et lui ordonne, par courrier, de partir pour Paris. Cependant, le public parisien, qui avait admiré l’enfant prodige, ne s’intéresse plus au jeune homme, qui, contraint de donner des leçons, se couvre de dettes. Après la mort de sa mère, le 3juillet1778, une fois encore, Mozart obéira à l’ordre paternel de rentrer au foyer.

 À la veille de ses vingt-trois ans, il devient l’organiste du prince-archevêque de Salzbourg. C’est à nouveau le joug des pièces de commande, comme cette Messe du couronnement. Quelques œuvres naissent sous sa plume, mais le cœur n’y est pas. Enfin Munich lui offre l’occasion d’écrire un opéra: le 29janvier1781, Idoménée fait un triomphe. Mais la joie du succès est bientôt contrariée: Colloredo, qui se trouve à Vienne, rappelle Mozart auprès de lui. Désormais conscient de sa valeur, le compositeur n’accepte plus d’être traité en domestique et rompt, cette fois définitivement. Il s’installe alors à Vienne et prend pension chez les Weber. Sans avoir oublié son amour pour Aloysia, qui s’est mariée entre-temps, il se lie avec sa sœur Constance et se laisse convaincre de l’épouser.

Wolfgang Amadeus Mozart

Dès la première de l’Enlèvement au sérail, le 16juillet1782, qui connaît un certain succès, Mozart vit une période faste et féconde. Grâce au baron van Swieten, il découvre les œuvres de Jean-Sébastien Bach et de Händel, compose la symphonie Haffner, puis trois concertos brillants et un quatuor à cordes aux accents intimes, premier d’une série dédiée à Joseph Haydn.

Les œuvres et les concerts se multiplient; en février1785, Leopold arrive à Vienne pour partager les succès de son fils et pleure de joie lorsque Haydn lui vante ses mérites. Mai1786 voit le triomphe des Noces de Figaro  , première collaboration avec le librettiste italien Lorenzo Da Ponte, qui écrira aussi les livrets de Don Giovanni, créé l’année suivante à Prague, puis de Così fan tutte (Vienne,1790). Mais Don Giovanni, acclamé à Prague, fait un échec à Vienne; l’empereur JosephII reconnaît la valeur de l’œuvre tout en admettant qu’elle n’est pas à la portée du public viennois. Très affecté par la mort de son père, en mai1787, Mozart voit se détériorer la santé de son épouse, et les difficultés financières du ménage se multiplient.

Mozart termine sa 39e symphonie en juin1788, quelques jours seulement avant la mort de sa fille et, dans les semaines qui suivent, produit encore deux symphonies parmi ses plus grandes. Suivent alors des mois de travaux alimentaires et un voyage en Allemagne, entaché par des brouilles avec des personnages importants. À son retour à Vienne, en juin1789, il lui faut recourir à de nouveaux emprunts. En janvier de l’année suivante, Così fan tutte ne remporte qu’un modeste succès, et, en février, la mort de Joseph II prive Mozart de son protecteur. L’argent manquant toujours, il n’est pas en mesure de se rendre à Londres, où on lui demande deux opéras: c’est Haydn qui part à sa place. Il écrira pourtant encore deux opéras, la Clémence de Titus, qui, malgré ses forces déclinantes, lui permettra de revoir Prague, et la Flûte enchantée, qui lui vaut un dernier succès et des moments de quiétude dans le chalet prêté par Emanuel Schikaneder, directeur de théâtre et auteur du livret. Épuisé par la maladie, il écrit encore un concerto pour clarinette et le Requiem, commandé par un personnage mystérieux, un comte qui cherchait à s’attribuer l’œuvre écrite par le compositeur. Malgré l’aide de son élève Franz Xaver Süssmayr, la messe des morts restera inachevée: le 5décembre1791, Mozart meurt dans le dénuement, et sa dépouille, escortée par quelques amis fidèles, est jetée à la fosse commune.

Mozart, modèle d’universalité

Par ses dons précoces, Mozart demeure un cas exceptionnel. Au-delà de l’enfant prodige dont le talent fascine, le créateur de génie sut mettre à profit les expériences acquises au cours d’une jeunesse passée à voyager à travers l’Europe musicale, privilège rare dû à l’esprit d’initiative de son père, qui n’était sans doute pas désintéressé. 

La curiosité naturelle, le goût de l’étude et la passion sincère de Mozart enfant pour la musique bénéficièrent de ces séjours qui le mirent en contact avec ses aînés, musiciens accomplis ou esprits cultivés et curieux. Il sut, avec Haydn, de vingt-quatre ans son aîné, et Beethoven, de quinze ans son cadet, porter le style classique viennois à son apogée, en s’illustrant, contrairement à eux, dans tous les domaines de la composition: de la sonate à la symphonie, du concerto au quatuor ou à l’opéra, il perfectionna les formes établies. 

Ce trait particulier fait de lui un modèle d’universalité unique dans l’histoire de la musique occidentale. L’art, tout de synthèse, de sa maturité intègre les éléments puisés dans différents idiomes à un langage personnel et sensible, qui reste cependant profondément ancré dans la tradition austro-germanique. La beauté mélodique, la perfection formelle, la richesse des harmonies et des timbres qui caractérisent ses plus grandes œuvres sont mises au service d’une expressivité nouvelle mais encore retenue, annonciatrice du climat romantique qui s’épanouira au siècle suivant.

 Dans une époque dominée par le style galant, le talent de Mozart dut se plier aux exigences de ses commanditaires, mais ses nombreuses sérénades et divertissements, ne fût-ce que par leur caractère poétique, dépassent le cadre étroit et vaguement futile de ces œuvres de cour. À travers ses concertos, Mozart ouvre la voie au développement ultérieur de cette forme. 

Dans ses quatuors à cordes, l’influence de Haydn fait place à un équilibre nouveau que teintent des accents passionnés. Il transcende aussi le modèle symphonique classique imposé par Haydn, lui donnant plus d’ampleur, trouvant de nouvelles couleurs instrumentales et lui conférant une plus grande expressivité (symphonies Linz, Prague, Haffner, Jupiter). 

Dans ses œuvres lyriques, il accorde un rôle prépondérant à l’orchestre sans pour autant léser la voix, ce qui lui permet de produire des effets nouveaux, tantôt comiques, tantôt tragiques (Don Giovanni). Un talent véritablement théâtral s’exprime dans ses opéras, où la musique commente, souligne ou contredit le texte: des motifs rythmiques ou tonaux caractérisent des personnages ou des situations, guidant le spectateur vers une compréhension profonde de l’action. Sa musique sacrée, influencée par le goût de l’époque mais aussi par l’opéra, est empreinte d’un réel sentiment religieux et incite au recueillement par sa remarquable force dramatique.

 Joseph Haydn : Symphonie n° 88 en sol majeur

Décriée par les uns et louée par les autres, son écriture musicale, malgré son apparente facilité, est le fruit d’un authentique travail de recherche, comme l’attestent ses nombreuses esquisses. Mozart laisse plus de six cents œuvres à la postérité, dont bon nombre comptent parmi les chefs-d’œuvre de la musique occidentale.

comments powered by Disqus