Non-alignement

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Nehru

Conférence de Bandung

En avril 1955, la conférence de Bandung réunit les représentants de 29 États d’Asie et d’Afrique. Au centre, Nehru, Premier ministre de l’Inde, qui devint une figure symbolique du non-alignement. À gauche, Indira Gandhi, sa fille, qui accéda au poste de Premier ministre en 1966.

UPI/Corbis

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PRÉSENTATION

non-alignement, position adoptée à partir des années cinquante par les pays du tiers-monde récemment décolonisés qui refusent de s’engager dans la guerre froide opposant les deux blocs menés par les États-Unis et l’Union des républiques socialistes soviétiques, et affirment ainsi leur autonomie.

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NAISSANCE DU MOUVEMENT

Le mouvement des pays non-alignés prend naissance à Belgrade, capitale de la Yougoslavie socialiste, où se réunissent, du 1er au 6 septembre 1961, vingt-cinq pays, pour la plupart membres du tiers-monde, à l’invitation du président yougoslave Tito. Outre ce dernier, on trouve parmi les principaux initiateurs de ce mouvement, l’Égyptien Nasser, l’Indonésien Sukarno, le Birman U Nu, l’Indien Nehru ainsi que l’Éthiopien Hailé Sélassié.

Étroitement lié au mouvement de décolonisation qui connaît un succès diplomatique retentissant avec la conférence de Bandung en 1955, le non-alignement exprime la volonté des nations, devenues indépendantes, d’affirmer leur existence face aux grandes puissances. Recherchant une voie médiane entre la domination des États-Unis et celle de l’URSS, le tiers-monde, qui représente alors plus de la moitié de l’humanité, prétend à un rôle d’arbitre entre les blocs. En ce sens, le non-alignement se distingue de la neutralité dans la mesure où il implique une participation active aux affaires internationales, notamment au travers de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Ainsi, la conférence de Belgrade invite les deux « super grands » à « entrer en contact », afin d’éviter un conflit mondial, rejette le système des deux blocs et l’idée que la guerre, y compris la guerre froide, soit inévitable. Elle prône également la nécessité d’une « coexistence pacifique », préconise un désarmement total et affirme le droit des peuples à l’autodétermination, à l’indépendance, ainsi qu’à la libre disposition de leurs richesses. Enfin, elle réclame la création, sous l’égide de l’ONU, d’un fonds d’équipement pour venir en aide aux pays en voie de développement.

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UNE POSITION DIFFICILE À TENIR

Dans un monde divisé entre capitalisme et communisme, les pays non-alignés ne peuvent, de fait, échapper à la bipolarisation. Leur faiblesse économique et militaire les rend souvent dépendants de l’aide étrangère des grandes puissances. Le socialisme, modèle adopté alors par la plupart de ces pays, les rapproche naturellement de l’URSS.

Le tiers-monde est la scène de l’affrontement Est-Ouest. Ainsi, l’Égypte de Nasser, confrontée à la France, l’Angleterre et Israël lors de la crise de Suez en 1956 est soutenue financièrement par l’URSS, de même que Cuba. Durant la guerre du Viêt Nam, dans laquelle l’URSS soutient le Viêt-minh au nord, les non-alignés s’opposent aux États-Unis, accusés d’impérialisme.

La cohésion du Mouvement des non-alignés est elle-même fragile : la Chine, représentée à Bandung par Zhou Enlai, est absente à Belgrade. Elle est, en effet, en conflit avec l’Inde de Nehru et des combats opposent, en 1962, les deux pays.

Parvenant difficilement à parler d’une seule voix à l’Assemblée générale des Nations unies, les non-alignés, dont les différentes conférences tendent à mettre davantage l’accent sur les problèmes économiques liés au déséquilibre Nord-Sud, doivent, après l’effondrement de l’URSS, en 1991, redéfinir leur rôle dans un monde qui n’est plus désormais dominé par l’extrême rivalité idéologique et militaire entre deux superpuissances.

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