Pays-Bas économie et histoire

pays
Auteur:
Source ou livre:
Numéro de la page:

Pays-Bas, en néerlandais Nederland, pays d’Europe du Nord-Ouest. Sa capitale est Amsterdam ; le siège du gouvernement est La Haye. Les Pays-Bas appartiennent à l’Union européenne.

Les Pays-Bas sont bordés au nord et à l’ouest par la mer du Nord, à l’est par l’Allemagne et au sud par la Belgique. Le royaume comprend également les Antilles néerlandaises et Aruba, territoires insulaires autonomes situés dans les Caraïbes.

ÉCONOMIE

pays-bas-cueillete

L’économie néerlandaise est essentiellement axée sur les échanges. Les Pays-Bas disposaient d’un produit intérieur brut (PIB) de 662,3 milliards de dollars en 2006. Appartenant aux 11 pays retenus en mars 1998 pour être membres de l’Union économique et monétaire (UEM), les Pays-Bas ont connu de 1995 au début des années 2000 une forte croissance, par rapport au reste de l’Europe, à tel point que l’on a pu parler d’un « modèle néerlandais » ; fondé principalement sur une série d’accords entre partenaires sociaux, celui-ci privilégie la création d’emplois en contrepartie d’une modération salariale, et tente d’associer rigueur et aspirations sociales. Fort de cette réussite, le gouvernement, le patronat et les syndicats ont signé en novembre 1997 un nouvel accord-cadre pour quatre ans qui prévoit un « développement responsable des salaires » destiné à maintenir les principes retenus lors du précédent accord, adoptés en période de récession, tout en les adaptant à une conjoncture socio-économique plus favorable. À partir de 2000, la croissance économique ralentit — elle atteint 0,3 p. 100 en 2002 — et les Pays-Bas entrent en récession en mai 2003, après deux baisses consécutives du PIB.

Environ 24,6 p. 100 du PIB sont produits par l’industrie, la construction et les activités liées à l’énergie, tandis que l’agriculture en représente environ 2,3 p. 100. Le secteur tertiaire, comprenant les secteurs financier et public, joue un rôle essentiel dans l’économie.

Sur les 8,60 millions d’actifs, 73,2 p. 100 travaillent dans les services, 24,6 p. 100 dans l’industrie, 2,3 p. 100 dans l’agriculture, la sylviculture ou la pêche. Le taux d’inflation atteignait 1,10 p. 100 pour la période 2006 et le taux de chômage se situait à 4,3 p. 100 en 2003.

Agriculture, forêts et pêche

La taille réduite des Pays-Bas et sa population très dense impliquent une agriculture intensive, générant beaucoup d’exportations. En effet, la valeur d’exportation de la viande, des fleurs, des légumes, du beurre, du fromage et d’autres produits laitiers dépasse considérablement la valeur des produits importés (céréales, produits tropicaux et fourrage).

pays-bas-cueillete

En 2006, la production agricole reposait principalement sur la betterave sucrière (5,5 millions de t), les pommes de terre (6,5 millions de t), le blé, (1,2 million de t), les fruits et les légumes. L’élevage est une pratique dominante ; on comptait environ 3,7 millions de bovins, 11,3 millions de porcs et 91,9 millions de volailles.

pays-bas-cueillete

La plupart des exploitations agricoles sont de petites unités familiales. Les prés et les pâturages occupent environ 50 p. 100 des terres agricoles ; tandis que l’autre moitié est consacrée aux cultures (dont 10 p. 100 à la culture maraîchère et à celle des bulbes et des fleurs).

La production de bois d’œuvre est d’une importance minime. La pêche reste cependant une activité traditionnelle très pratiquée, malgré la réduction des réserves de poissons due en grande partie à la pollution de la mer du Nord. Le total des prises était de 617 383 tonnes, en 2005.

Mines et industries

Exploitation minière et énergie

pays-bas-cueillete

La structure industrielle des Pays-Bas est liée aux sources d’énergie du pays. Pendant des siècles, les Néerlandais ont dû compter uniquement sur l’énergie éolienne et la tourbe. Les gisements de houille du Limbourg ne satisfaisaient qu’en partie les besoins du pays et l’essentiel du charbon était donc importé. La découverte de gigantesques gisements de gaz naturel (au nord du pays, puits offshore) a permis l’exploitation des gisements de Groningue dès 1967, les Pays-Bas devenant ainsi un des principaux producteurs de gaz naturel.

En 2003, la production de pétrole atteignait 17,1 millions de barils et celle de gaz naturel 73,1 milliards de m3. La production d’électricité, quant à elle, s’élevait à 91 milliards de kWh. Depuis 1990, l’énergie éolienne a connu un regain de faveur en raison des problèmes de pollution et du refus national d’une industrie nucléaire. En 2004, 1 659 moulins à vent high-tech, capables de produire 2,45 milliards de kWh, ont été installés sur le territoire.

Industries

Le secteur industriel des Pays-Bas, extrêmement diversifié, est relativement récent, car la production industrielle est restée limitée jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale en raison du manque de ressources en matières premières. La rapide croissance de l’industrie, après 1945, s’est produite grâce au développement de la production des biens d’équipement, de l’agroalimentaire, du secteur chimique et de l’électronique. La construction (navale notamment), le raffinage du pétrole ainsi que la fabrication de produits à base de caoutchouc et de plastique jouent également un grand rôle. L’activité portuaire du pays est intense : Rotterdam est, en effet, le premier port européen. Enfin, les Pays-Bas investissent leurs capitaux dans de grands groupes multinationaux sur lesquels ils peuvent s’appuyer (Philips, Royal Dutch, Unilever).

Secteur tertiaire

Secteur financier

Émis et réglementé par la Nederlandsche Bank à partir de 1814, l’unité monétaire néerlandaise était le florin (en néerlandais, gulden ou guilder), divisible en 100 cents, jusqu’à l’entrée en vigueur de la monnaie unique européenne. Le 1er janvier 2002, l’euro est devenu la monnaie officielle des Pays-Bas, selon le taux de conversion suivant : 1 euro = 2,20371 florins. La face nationale de toutes les pièces en euros émises aux Pays-Bas est frappée à l’effigie de la reine Béatrix Ire.

Transports

pays-bas-cueillete

Les moyens de transport sont depuis longtemps très développés. Rotterdam est le premier port européen en termes de volume de son trafic (jusqu’en 2004, année où il a été dépassé par Singapour et Shanghai, il était le premier port du monde) ; et Amsterdam est également un site portuaire important. Une nouvelle voie navigable, rattachée à la capitale par le canal de la mer du Nord, relie désormais Rotterdam à la mer du Nord. Les nombreux canaux et fleuves néerlandais, où peuvent naviguer des navires de plus de 400 t, couvrent environ 2 925 km de long et quadrillent tout le pays. En 2007, la flotte marchande avait une capacité de 6 139 392 tonneaux de jauge brute.

Le réseau ferroviaire public, qui compte environ 2 813 km de voies, dont 65 p. 100 sont électrifiées, couvre la totalité du pays. Les Pays-Bas possèdent également un réseau routier dense de 126 100 km dont 2 320 km d’autoroutes.

L’aéroport international le plus actif des Pays-Bas est celui de Schiphol, près d’Amsterdam ; d’autres aéroports desservent Groningue, Maastricht et Rotterdam. KLM est la principale compagnie aérienne du pays.

Tourisme

Les Pays-Bas peuvent s’appuyer sur un tourisme très actif avec près de 4 millions de visiteurs par an, générant une recette annuelle de 17 milliards de dollars (2006). L’Opiumwet décrété en 1976 et légalisant l’usage et la vente de drogues douces — cannabis, haschisch — lorsque les transactions portent sur moins de 30 g, y est sans doute pour beaucoup ; en effet, la consommation des étrangers de passage rapporte environ 420 millions d’euros chaque année.

Commerce extérieur

L’économie néerlandaise est extrêmement ouverte aux échanges mondiaux. L’essentiel des produits circulant dans ses ports est destiné au transbordement vers d’autres pays, principalement vers les membres de l’Union européenne (UE).

Les principales importations sont les produits manufacturés (environ 25 p. 100 de l’ensemble des importations), les machines et les équipements de transport (23 p. 100), le pétrole brut (20 p. 100), les denrées alimentaires et le bétail (17 p. 100), ainsi que les produits chimiques (10 p. 100).

Les principales exportations sont les combustibles minéraux (environ 23 p. 100 de l’ensemble des exportations), les produits alimentaires (20 p. 100 ; les Pays-Bas sont le premier exportateur au monde de lait, d’œufs et de porcs), les produits chimiques (17 p. 100), les machines et les équipements de transport (17 p. 100), ainsi que les produits manufacturés (environ 20 p. 100).

Les pays membres de l’Union européenne sont les principaux partenaires commerciaux des Pays-Bas, l’Allemagne étant le premier d’entre eux, avec près d’un tiers de l’ensemble des échanges commerciaux. Depuis la fin des années 1960, les exportations de gaz naturel ont contribué à augmenter les recettes des échanges.

HISTOIRE

Au ier siècle av. J.-C., les légions de Jules César conquièrent la région qui correspond aux actuels Pays-Bas où vivent Bataves et Frisons, des peuples germains et celtes. Les Romains fondent plusieurs cités (Traictum, aujourd’hui Utrecht, ou Noviomagus, aujourd’hui Nimègue), avant de se retirer sur le Rhin sous la pression des Barbares. Mais la chute de l’Empire, au ve siècle, annihile complètement l’œuvre romaine : les Francs Saliens envahissent le sud du pays et les Saxons s’installent à l’est.

Le Moyen Âge

Le pays est évangélisé par des missionnaires francs durant le haut Moyen Âge, avant de s’opposer au pouvoir carolingien pendant près de deux siècles. Pourtant, l’unité territoriale est brisée à la signature du traité de Verdun (843), officialisant l’intégration de la Germanie inférieure à l’empire. Mais l’absence d’une autorité seigneuriale centrale, renforcée par les ravages des Normands, entraîne la formation de seigneuries.

En 925, le roi germanique Henri Ier l’Oiseleur s’empare de la partie septentrionale du pays, et l’évêché d’Utrecht, avec l’appui des empereurs germaniques, constitue jusqu’au xie siècle la puissance principale du territoire. Toutefois, entre 1100 et 1300, les comtes de Hollande et de Gueldre étendent leurs territoires au détriment des évêchés.

Les xiie et xiiie siècles voient l’émergence de villes puissantes, importants centres de commerce. Sous l’influence de marchands fortunés, elles défient le pouvoir des nobles gouvernant les campagnes en apportant leur appui à des seigneurs régionaux contre des vassaux indisciplinés ; les marchands leur extorquent des privilèges visant à promouvoir le commerce, à renforcer les villes et leur position.

Des ducs de Bourgogne aux Habsbourg

Par le jeu des alliances dynastiques et des guerres, la majeure partie des Pays-Bas actuels passe sous la suzeraineté de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Le règne des ducs de Bourgogne coïncide avec une époque d’unification du territoire et de grande progression des arts et des idées. Cependant, la volonté de construire un État bourguignon (réunissant Lorraine, Pays-Bas, Bourgogne et Franche-Comté) conduit Charles le Téméraire, dernier duc de la dynastie, à sa perte. Le mariage de sa fille avec Maximilien Ier fait passer la région sous la domination des Habsbourg.

La dynastie habsbourgeoise a de grandes difficultés à s’imposer face aux particularismes et irrédentismes provinciaux naissants. Ainsi, en 1488, Maximilien Ier est fait prisonnier par les artisans brugeois révoltés. Charles Quint doit réprimer en 1539 la révolte des Gantois mais réussit à annexer plusieurs territoires (Utrecht, Frise orientale, Groningue, Gueldre) qu’il assemble sous le nom des Dix-Sept Provinces des Pays-Bas. Philippe II rencontre les mêmes problèmes, aggravés par la pénétration des idées de la Réforme.

La lutte pour l’indépendance

Le soulèvement contre l’Espagne éclate en 1566. Il marque le début d’une guerre qui va ébranler le pays jusqu’en 1648, date de la signature du traité de Westphalie.

Ce conflit trouve ses origines dans la question religieuse : les calvinistes des régions méridionales (la Belgique actuelle), se soulèvent en masse et la répression féroce menée par le duc d’Albe empêche toute conciliation. Le mécontentement général s’étend et les villes du Nord constituent, en 1572 à Dordrecht, un gouvernement sous la direction de Guillaume Ier d’Orange-Nassau, dit le Taciturne.

Le duc d’Albe parvient à reconquérir un certain nombre de villes du Nord, au prix d’innombrables massacres, mais les insurgés se maintiennent sur leurs positions. Don Juan d’Autriche et Alexandre Farnèse, duc de Parme, réussissent à maintenir l’Espagne dans ses droits, tout en intégrant l’idée que la cassure est irrémédiable.

En 1579, l’Union d’Arras réunit les régions francophones et catholiques, tandis que les calvinistes s’unissent par l’Union d’Utrecht, qui proclame son indépendance deux ans plus tard.

L’Union d’Utrecht connaît des débuts difficiles : une série de défaites contre l’Espagne tout d’abord, l’assassinat de Guillaume d’Orange par un fanatique catholique en 1584, puis la reconquête, en 1585, de la quasi-totalité des territoires du sud par les Espagnols, y compris le port d’Anvers.

Le salut vient d’Angleterre : Élisabeth Ire soutient les insurgés à la recherche désespérée d’un souverain. Ainsi, en 1588, les Anglais détruisent l’Invincible Armada, et cette victoire navale imparable oblige l’Espagne à trouver un compromis. À cette date est constituée la république des Provinces-Unies dirigées par le « pensionnaire » Oldenbarnevelt et par le stathouder Maurice de Nassau.

La trêve conclue entre Espagnols et Néerlandais dure de 1609 à 1621, puis la guerre reprend ponctuellement jusqu’à la reconnaissance par l’Espagne, en 1648, de la souveraineté des Provinces-Unies par le traité de Münster.

Le siècle d’or des Provinces-Unies

Au xviie siècle, les Provinces-Unies connaissent une période de prospérité sans égale tandis que leurs voisins européens subissent une stagnation économique. République commerçante, les Provinces bénéficient du déclin d’Anvers, et Amsterdam devient une gigantesque plaque tournante.

La Compagnie des Indes orientales (1602) s’arroge le monopole du commerce avec l’Extrême-Orient ; la Compagnie des Indes occidentales (1621) pratique le commerce des esclaves entre la Côte-de-l’Or (Ghana), l’Amérique et l’Europe, et la Compagnie du Nord se livre, quant à elle, à la pêche à la baleine. Un quasi-monopole du commerce avec la Baltique, une flotte commerciale supérieure à celle de l’Angleterre, une industrie lainière et linière performante (Leyde et Haarlem), une agriculture quasi industrielle font des Provinces-Unies le centre commercial, industriel et financier de l’Europe du Nord-Ouest.

Cette prospérité est présente à tous les niveaux : artistique, scientifique et culturel. Au siècle précédent, Didier Érasme a exercé une profonde influence sur la vie intellectuelle. Il en est de même pour le juriste Hugo Grotius, les scientifiques Christiaan Huygens et Antonie Van Leeuwenhoek, les cartographes Willem Janszoon Blaeu et Jodocus Hondius, les écrivains Pieter Corneliszoon Hooft et Joost Van den Vondel, et Abel Janszoon Tasman qui découvre, en 1642, la terre de Van Diemen (aujourd’hui la Tasmanie). Les Pays-Bas accueillent également les libres-penseurs ; le philosophe Baruch Spinoza, le philosophe et mathématicien René Descartes, John Locke y trouvent refuge. La peinture néerlandaise connaît un essor remarquable avec les grands artistes néerlandais du xviie siècle, Rembrandt, Jan Vermeer, Frans Hals ou Jan Steen.

La maison d’Orange et le déclin des Provinces-Unies

À Guillaume d’Orange succèdent Maurice de Nassau, puis son demi-frère Frédéric-Henri, qui poursuivent une politique dynastique et prennent le titre et la fonction de stathouder. Ils gouvernent avec les États généraux, l’Assemblée constituée par les représentants des 7 provinces et dominée par la Hollande, la plus grande et la plus prospère d’entre elles.

Le fils de Frédéric-Henri, Guillaume II d’Orange, entre violemment en conflit avec la province de Hollande, à un point tel qu’après sa mort (en 1650), aucun stathouder n’est nommé en Hollande et dans 4 autres provinces pendant plus de vingt ans, une période qui est appelée « Véritable Liberté ». Le pouvoir est alors détenu par l’oligarchie et le grand pensionnaire Jan De Witt dirige les Provinces de 1653 à 1672. Il affronte l’Angleterre de 1652 à 1654 et de 1655 à 1667. En outre, les Provinces-Unies s’engagent dans la guerre de Dévolution (1667-1668) opposant la France de Louis XIV à l’Espagne. En s’alliant à l’Angleterre et à la Suède, les Provinces constituent avec ces deux pays la Triple-Alliance. Le traité d’Aix-la-Chapelle met fin au conflit le 2 mai 1668.

Guillaume III d’Orange, roi d’Angleterre en 1689, est stathouder de 1672 à 1702. Il doit faire face à un nouveau conflit qui ravage l’Europe, la guerre de Hollande (1672-1679) opposant la France et la Hollande. En effet, les Néerlandais contestent la volonté d’expansion de Louis XIV et la politique commerciale de Colbert, jugée protectionniste. Les traités de paix sont signés à Nimègue entre 1678 et 1679 et la France doit restituer plusieurs places fortes aux Provinces-Unies.

Progressivement, elles se rapprochent de l’Angleterre et adhèrent à la ligue d’Augsbourg. Lorsque Guillaume III meurt sans héritier, un lointain parent, Jean-Guillaume Friso, revendique avec succès le titre d’héritier de la maison d’Orange.

Le pouvoir économique et politique des Pays-Bas commence à faiblir à l’issue de la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714), où les Néerlandais se sont alliés au gouvernement du Royaume-Uni, nouvellement créé, contre les Français. À la suite de ce choix, la République néerlandaise est éclipsée par la politique expansionniste du Royaume-Uni sur la mer et de la France sur la terre.

En 1747, le fils de Jean-Guillaume Friso obtient, sous le nom de Guillaume IV, le poste de stathouder dans l’ensemble des 7 provinces. C’est à cette date que la fonction devient héréditaire.

L’ère révolutionnaire

À la fin du xviiie siècle, les Pays-Bas subissent le contrecoup de la Révolution française.

En 1795, avec l’appui des troupes françaises, un mouvement de patriotes fonde une République batave, calquée sur le modèle de la République française. Le stathouder Guillaume V s’enfuit en Angleterre. La République batave devient, en 1806, le royaume de Hollande, que Napoléon Ier offre à son frère Louis, pour le lui retirer, en 1810, et l’intégrer à l’Empire français. À la chute de Napoléon, en 1815, l’indépendance des Pays-Bas est rétablie par le congrès de Vienne, et une partie de la Belgique est ajoutée au royaume, placée sous l’autorité du roi Guillaume Ier, fils de Guillaume V. Une première Constitution est établie en 1814 et, en 1815, une nouvelle Constitution instaure deux Chambres.

Mais l’union ne dure pas : en 1830, les Belges se révoltent et proclament leur indépendance. Après un conflit armé en 1831, suivi de huit ans d’escarmouches, les royaumes de Hollande et de Belgique ratifient leur séparation, en 1839, à Londres.

5.7 La naissance d’une démocratie parlementaire

Sous l’influence des révolutions de 1848, le roi Guillaume II promulgue une Constitution libérale qui ne laisse plus de place au règne personnel et arbitraire. Les membres de la Première Chambre du Parlement, autrefois nommés par le roi, sont désormais élus par les États provinciaux. Les membres des États et de la Seconde Chambre du Parlement sont, quant à eux, élus au suffrage censitaire. Les provinces catholiques du Limbourg et du Brabant Septentrional obtiennent un statut égal à celui des autres provinces.

Dans cet esprit, la Constitution de 1848 garantit la pleine et entière liberté de culte et un Parti catholique se constitue, en lutte contre les libéraux et les nouveaux partis conservateurs protestants.

À la fin du xixe siècle, le suffrage censitaire est progressivement élargi et les mouvements en faveur de réformes sociales prennent naturellement de l’ampleur. La naissance d’un Parti du travail, puissant, et l’organisation des travailleurs au sein de syndicats entraînent de nouvelles réformes sociales.

L’administration des colonies ne reste pas en marge de ce vent de réformes : en Indonésie, par exemple, les impôts écrasants sont peu à peu supprimés.

Le début du xxe siècle et les deux guerres mondiales

De 1880 à 1914, les Pays-Bas retrouvent une prospérité économique, et ce jusqu’à l’éclatement de la Première Guerre mondiale. Au cours du conflit, le pays reste neutre, mais l’économie est fortement touchée par les pertes commerciales engendrées par le blocus du continent instauré par les Alliés. Après la guerre, ces problèmes sont aggravés par la dépression des années 1930.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, en 1939, les Pays-Bas proclament à nouveau leur neutralité. Mais l’état-major allemand a inclus la Hollande dans ses plans de guerre à l’ouest. En quatre jours, les Allemands occupent le pays et exterminent la quasi-totalité de la communauté juive des Pays-Bas (104 000 morts sur un total de 140 000 personnes). L’échec de la bataille d’Arnhem, en 1944, puis l’inondation de l’île de Walcheren et la bataille des Ardennes retardent la libération des Pays-Bas. Les populations civiles situées au nord des fleuves connaissent une famine épouvantable qui fait plusieurs dizaines de milliers de victimes.

pays-bas-cueillete

L’après-guerre est marqué par la décolonisation et la reconstruction du pays, 30 p. 100 environ du patrimoine national ayant été détruit. En 1945, les Pays-Bas deviennent membres de l’Organisation des Nations unies et, trois ans plus tard, des fonds leur sont attribués dans le cadre du plan Marshall. En 1948, les Pays-Bas s’allient à la Belgique, la France, la Grande-Bretagne et le Luxembourg pour former l’Organisation du traité de Bruxelles et ils sont un des membres fondateurs de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), en 1952. L’union économique du Benelux est également établie entre la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas : confirmée à la conférence de La Haye en 1946, entrée en application le 1er janvier 1948, elle est complétée en février 1958. Le pays adhère à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) (1949), au traité communautaire de défense européenne (1952) et aux accords Paris-Londres (1955), devenant ainsi un membre à part entière de l’organisation de défense multinationale de l’Europe occidentale. En 1957, les Pays-Bas signent le traité de Rome établissant la Communauté économique européenne.

Les Pays-Bas n’échappent pas à la décolonisation : après quatre ans de guérilla et de guerre ouverte, (juillet 1945-décembre 1949), les Néerlandais acceptent l’indépendance de l’Indonésie, à l’exception de la Nouvelle-Guinée qui ne rejoint l’État indonésien qu’en 1962. En outre, en 1954, le Suriname et les Antilles néerlandaises deviennent membres à part entière du Royaume néerlandais.

Les problèmes économiques et l’instabilité politique

À la fin des années 1940 et au début des années 1950, l’économie des Pays-Bas est marquée par des hausses de prix, des balances commerciales défavorables et des gouvernements dominés par le Parti du travail (PvdA). Le Parti catholique populaire arrive au pouvoir en 1959 et il est majoritaire à la Seconde Chambre aux élections de 1963 et 1967.

Mais les événements se précipitent en politique étrangère et, à la suite de troubles qui ont éclaté dans les Antilles néerlandaises en 1969, des troupes sont détachées pour aider la police à réprimer les émeutes. Aux Pays-Bas, l’inflation se poursuit dans les années 1960 et 1970 et demeure un problème économique et politique majeur. Des contrôles sur les salaires et les prix sont imposés dès 1970 et les impôts augmentent l’année suivante.

À l’issue du scrutin de 1971, deux mois de négociations s’écoulent avant qu’une coalition dirigée par le Parti antirévolutionnaire (ARP) n’accepte de constituer un gouvernement, qui tombe cependant en 1972. Un gouvernement d’intérim dirige le pays jusqu’en mai 1973, lorsque Joop Den Uyl, membre du Parti du travail, prête serment en tant que Premier ministre d’un nouveau gouvernement de coalition. Lorsque le Suriname devient indépendant, en 1975, l’afflux soudain de centaines de milliers d’immigrants accroît les difficultés de l’économie néerlandaise.

En 1977, après les élections législatives du printemps, le gouvernement de coalition de Den Uyl chute, en raison d’un désaccord sur les réformes proposées. Un nouveau Premier ministre, le chrétien-démocrate Andreas Van Agt, prend alors la tête du gouvernement.

En 1980, la princesse Béatrix Ire accède au trône après l’abdication de sa mère, la reine Juliana. Le gouvernement de Van Agt perd sa majorité parlementaire en mai 1981, mais forme une nouvelle coalition, qui se maintient de septembre 1981 jusqu’en mai 1982. Après les élections législatives de septembre, Van Agt démissionne subitement de la présidence du Parti démocrate-chrétien. Ruud Lubbers lui succède et forme une nouvelle coalition dès le mois de novembre. Lors de la conférence constitutionnelle de 1983, il est convenu qu’à partir de 1986, Aruba n’appartiendra plus aux Antilles néerlandaises mais deviendra un territoire séparé au sein du royaume des Pays-Bas. Ce statut devait durer dix ans. À partir de 1996, Aruba devait devenir entièrement indépendante. Cependant, en 1994, il est décidé que l’île restera dans le royaume après 1996.

Le « modèle néerlandais »

Les élections générales de mai 1994 marquent un tournant dans la vie politique néerlandaise : les chrétiens-démocrates perdent les élections, principalement en raison de la hausse du chômage et des coupes sévères infligées aux dépenses de la Sécurité sociale depuis la fin des années 1980. Le Parti du travail (PvdA) devient le plus important groupe parlementaire, bien qu’il ait également subi quelques pertes. Après presque quatre mois de polémiques, le chef du Parti du travail et nouveau Premier ministre, Wim Kok, forme une coalition avec le Parti populaire pour la démocratie et la liberté (VVD) et les Démocrates 66 (D66), parti de centre gauche. Pour la première fois en plus de vingt ans, le gouvernement ne compte aucun chrétien-démocrate.

Année après année, sous la direction du socialiste Wim Kok, le gouvernement de coalition élabore une politique fondée sur des accords entre les partenaires sociaux. Conciliant libéralisme économique, rigueur budgétaire et aspirations sociales, elle dessine une sorte de « modèle néerlandais ». Cela se traduit par une croissance forte et par un taux de chômage faible, qui tranchent avec ceux de ses voisins.

En février 1995, le spectre des inondations de 1953 resurgit : plus de 250 000 personnes sont évacuées de l’est du pays, car l’on craint que les digues ne résistent pas à l’énorme pression des eaux du Rhin et de la Meuse en crue. Une fois la catastrophe évitée, le gouvernement annonce l’accélération du programme de renforcement des digues fluviales, malgré de lourdes difficultés financières.

À l’étranger, les Pays-Bas s’engagent lors du conflit yougoslave en envoyant 2 400 Casques bleus en Bosnie-Herzégovine. Leur comportement lors de la prise et du « nettoyage » par les Serbes de la zone de sécurité de Srebrenica en juillet 1995 (ils avaient contribué à séparer des femmes et des enfants les hommes bosniaques musulmans, qui ont ensuite été exécutés par les milices serbes) entraîne un profond malaise dans le pays. En mars 1999, les Pays-Bas s’engagent, aux côtés de 13 des 19 membres de l’OTAN, dans l’opération « Force alliée » menée contre la Yougoslavie.

Au niveau européen, les Pays-Bas s’imposent comme un acteur important de la construction européenne. Les traités de Maastricht et d’Amsterdam sont signés sur leur sol. En 1998, forts de leurs performances économiques, les Pays-Bas font naturellement partie des 11 pays choisis pour intégrer le 1er janvier 1999 l’Union économique et monétaire (UEM) et c’est le Néerlandais Wim Duisenberg, président de l’Institut monétaire européen, qui est désigné comme premier président de la Banque centrale européenne (BCE).

Le Parti du travail (PvdA) du Premier ministre Wim Kok est le grand vainqueur des élections législatives de mai 1998. Il remporte 45 sièges sur 150, tandis que les chrétiens-démocrates obtiennent leur plus mauvais score (28 sièges). La reconduction de la coalition donne lieu à de longues négociations et ce n’est qu’en août que Wim Kok présente son gouvernement, dans lequel entrent ultérieurement des libéraux et des réformateurs. Lors des élections européennes de juin 1999, les chrétiens-démocrates obtiennent 26,9 p. 100 des suffrages (9 sièges), tandis que les socialistes (PdvA) recueillent 20,1 p. 100 des voix (6 sièges) et les libéraux 19,7 p. 100 (6 sièges également). Les Verts deviennent le quatrième parti (11,9 p 100 des voix et 4 sièges).

Sur les questions de société, l’incarnation du modèle néerlandais se traduit par deux grandes décisions. En novembre 2000, le processus entamé en 1993 aboutit avec l’adoption par la Chambre des députés d’un projet de loi qui légalise l’euthanasie. Les Pays-Bas sont le premier pays au monde à autoriser cette pratique, en l’encadrant toutefois de critères précis, dits « critères de minutie ». En avril 2001, une autre loi pionnière entre en vigueur, celle qui autorise le mariage entre personnes d’un même sexe et l’adoption d’enfants néerlandais par des couples homosexuels.

En décembre 2001, à quelques mois des élections législatives, le Premier ministre Wim Kok quitte la direction du Parti du travail. Il est remplacé par Ad Melkert. Le 1er janvier 2002, l’euro devient la monnaie officielle des Néerlandais.

Une crise morale et politique

L’année 2002 est marquée par une succession de crises politiques qui ébranlent le modèle néerlandais. Lors des élections municipales, en mars, la liste présentée par Pim Fortuyn, un leader populiste qui axe son discours sur le rejet de l’immigration, obtient 34 p. 100 des voix. Un mois plus tard, le gouvernement de Wim Kok est confronté à la publication d’un rapport qui met en cause les Casques bleus néerlandais dans le déroulement du massacre de Srebrenica en Bosnie, en juillet 1995. Il remet sa démission à quelques mois des élections législatives. Quelques jours avant le scrutin, Pim Fortuyn est assassiné. Cet événement provoque un très grand choc dans le pays, où un tel événement n’a jamais eu lieu. La Liste Pim Fortuyn (LPF), inexistante trois mois auparavant, arrive en seconde position aux élections législatives de mai (17,1 p. 100 et 26 sièges), derrière les démocrates-chrétiens du CDA (28,2 p. 100 et 43 sièges), bouleversant le paysage politique traditionnel. Le Parti travailliste (PvdA), au pouvoir depuis huit ans, passe de 45 à 23 sièges (14,5 p. 100 des voix). Jan Peter Balkenende, leader du CDA, forme un gouvernement de coalition avec les chrétiens-démocrates du CDA, les libéraux du VVD et quatre ministres issus de la LPF. Mais, en octobre 2002, au bout de 87 jours, un record de brièveté, le gouvernement démissionne à la suite des multiples dissensions qui agitent la LPF, rassemblement hétéroclite privé de son leader charismatique.

De nouvelles élections se déroulent en janvier 2003, qui voient les travaillistes du PvdA remonter à la seconde position avec 27,3 p. 100 des voix (42 sièges) derrière les démocrates-chrétiens du CDA qui en obtiennent 28,6 p. 100 (44 sièges) et devant les libéraux du VVD à 17,9 p. 100 (28 sièges) tandis que la LPF redescend à 5,7 p. 100 des voix (8 sièges). Quatre mois sont nécessaires à la formation d’un gouvernement, dirigé de nouveau par Jan Peter Balkenende. Il réunit le CDA, le VVD et D 66, un parti centriste réformateur, qui détient 6 sièges à la Seconde Chambre. La situation économique s’impose comme la priorité de la nouvelle équipe gouvernementale au moment où les Pays-Bas entrent en récession.

Le 1er juillet 2004, les Pays-Bas assument la présidence de l’Union européenne pour un semestre, au lendemain des élections européennes de juin qui ont vu le CDA et le PvdA obtenir des scores sensiblement égaux (7 élus chacun, sur 27 sièges), devant le VVD (4 sièges). L’actualité politique néerlandaise est marquée à l’automne par l’assassinat du cinéaste Théo Van Gogh par un jeune islamiste néerlando-marocain qui entraîne de nombreux incidents xénophobes et la relance d’un débat tendu sur l’immigration. Dans ce contexte de crise identitaire et économique a lieu le référendum consultatif — le premier de l’histoire des Pays-Bas — sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe, le 1er juin 2005. Alors que tous les grands partis ont fait campagne pour le « oui », le « non » recueille 61,6 p. 100 des suffrages, le taux de participation atteignant 62,8 p. 100. Après la France, les Pays-Bas sont le second pays à rejeter ce traité, le gouvernement néerlandais ayant annoncé qu’il tiendrait compte des résultats si le taux de participation dépassait 30 p. 100.

Les élections anticipées de novembre 2006 sont marquées par le succès de la gauche radicale, incarnée par le Parti socialiste (Socialistiche Partij, SP) dirigé par Jan Marijnissen, parti qui avait été très actif dans la campagne pour le non au référendum sur le traité européen et qui obtient 26 élus à la Chambre (+ 17). Si la formation chrétienne-démocrate du Premier ministre sortant ne perd que 3 sièges (CDA, 41 élus), son allié libéral est en recul (VVD, - 6 sièges), de même que le Parti travailliste (PvdA, - 10 sièges). Alors que dix partis politiques sont représentés à la Chambre des députés, de longues négociations sont nécessaires à la constitution d’un gouvernement de grande coalition réunissant l’Appel chrétien-démocrate de Jan Balkenende, qui est reconduit dans ses fonctions de Premier ministre pour la quatrième fois, et le Parti travailliste ainsi que Christen Unie, un petit parti politique protestant.

Source: Encarta

comments powered by Disqus