La guerre froide

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Les grands moments de la guerre froide

Nom donné au raidissement diplomatique et idéologique entre les pays occidentaux (Europe de l’Ouest et États-Unis) et les pays du bloc socialiste (Chine populaire, URSS et pays d’Europe de l’Est), entre1945 et1989.

La question allemande au cœur de la guerre froide   

 Jusqu’au début de l’année1945, les exigences de la lutte commune contre les forces de l’Axe ont fait passer au second plan les désaccords entre les vainqueurs concernant l’organisation du monde après la défaite de l’Allemagne. Le semblant de cohésion affiché à Yalta (février1945) n’est déjà plus qu’un souvenir lors de la conférence de Potsdam (juillet). Bien trop vagues, les accords de Potsdam – dénazification de l’Allemagne, question des réparations – ne sont pas de nature à offrir aux Alliés les moyens de trancher les différends qui naîtront de leur application. C’est ainsi que l’URSS, qui sort exsangue de sa lutte contre l’Allemagne, transforme très vite sa zone d’occupation en zone de pillage. Si la partition de l’Allemagne n’intervient qu’en1949, tout indique qu’elle est contenue dans les prises de position antagonistes dès1946, ce qui n’avait pas échappé à Winston Churchill, qui, en mars1946, parle déjà d’un «rideau de fer». Plus tard, les espoirs suscités par la disparition de Staline (mars1953) font long feu, comme en témoigne l’échec de la conférence des ministres des Affaires étrangères, à Berlin, en1954. Bien plus, en voulant renégocier le statut de Berlin, Nikita Khrouchtchev est loin d’apaiser les tensions.

  Joseph Staline

Les points chauds de la guerre froide

Si l’Europe centrale – où tous les pays sont passés dans la zone d’influence soviétique entre1947 et1948 – et l’Allemagne constituent le terrain des premiers affrontements de la guerre froide, celle-ci s’étend en Asie avec l’arrivée au pouvoir des communistes en Chine (1949). Dès lors, l’affrontement est-ouest acquiert une dimension planétaire.

    L’invasion de la Corée du Sud par les troupes nord-coréennes en1950 est interprétée par les États-Unis comme un complot communiste. Toutefois, la Chine et l’URSS ne se sont nullement concertées en la matière. D’ailleurs Pékin ne se décidera à intervenir que lorsque l’avance américaine paraîtra menacer son territoire. Premier avatar dramatique de la guerre froide, l’affaire de Corée conduit les États-Unis à adopter une stratégie d’encerclement de l’Union soviétique (endiguement du communisme), d’une part, en déployant un réseau de bases militaires, de l’autre, en concluant une série d’alliances périphériques (OTAN, OTASE). C’est dans le même esprit que Washington accélère la reconstruction du Japon.

À partir des années 1950, la guerre froide se déplace au Moyen-Orient, avec la signature du pacte de Bagdad (1955). L’intervention américaine au Liban, en1958, pousse l’URSS à soutenir la Syrie. Moscou apportera son appui aux pays arabes lors de la guerre israélo-arabe de1967. Finalement, les États du Moyen-Orient vont être divisés entre pro-occidentaux et pro-soviétiques sous l’effet de la guerre froide.

    Enfin, l’antagonisme est-ouest n’épargne pas l’Asie du Sud-Est et l’Indochine. Selon la «théorie des dominos», les États-Unis sont amenés à intensifier leur intervention militaire au Laos, au Cambodge et finalement au Viêt-nam.

La guerre froide et le spectre atomique 

Le monopole américain en matière d’armes atomiques offre un curieux paradoxe. C’est en effet pendant cette période – de1945 à1953 – que le communisme engrange ses plus grands succès sur l’échiquier international. L’Europe de l’Est est entièrement soviétisée – à l’exception de la Yougoslavie –, le communisme triomphe en Chine, l’URSS mène une politique très agressive (blocus de Berlin, pression sur la Turquie et l’Iran).

En revanche, le spectre de l’atome plane, en1956, sur la crise de Suez – Moscou n’hésite pas à brandir la menace atomique, avec la complicité de Washington, pour rappeler à l’ordre Paris et Londres – et lors de la crise des fusées à Cuba (1962). Celle-ci représente un tournant dans la guerre froide, en introduisant une sorte d’armistice qui ouvre, l’année suivante, la voie à une série de mesures de contrôle de la menace nucléaire («téléphone rouge», traités prohibant la plupart des essais nucléaires, non-dissémination des armes de ce type).

La fin de la guerre froide

Les décennies 1960, 1970 et 1980 connaissent encore nombre de crises et voient Américains et Soviétiques s’affronter par pays tiers: en Éthiopie (1962), en Angola (1975), au Mozambique (1975), en Afghanistan (1980) ou au Nicaragua (1982). Par ailleurs, le traité de Moscou (1963) n’entame en rien l’intensification de la course aux armements nucléaires que se livrent les deux superpuissances. Toutefois, la rivalité américano-soviétique n’apparaît plus comme le trait fondamental de la situation internationale. Dans de nombreux cas de figure, les deux grandes puissances se sont plutôt employées à calmer leurs alliés qu’à pousser leurs pions respectifs.

 L’arrivée au pouvoir en URSS de Mikhaïl Gorbatchev (1985) aboutit rapidement à un dégel américano-soviétique, puis au démantèlement de l’empire soviétique en1991. Mais déjà, la chute du mur de Berlin, en novembre1989, par sa portée symbolique, peut être considérée comme la fin de la guerre froide.

L’héritage de la guerre froide

La redistribution des cartes au lendemain de l’effondrement d’un des deux piliers de la guerre froide ouvre, à l’aube du troisième millénaire, une période d’instabilité et d’incertitude géopolitique. Les États-Unis hésitent à assumer seuls le rôle de superpuissance, alors qu’il paraît certain que la Russie, dépositaire de l’héritage de l’ex-URSS, entend, malgré ses difficultés politiques et économiques, ne pas se contenter d’un rôle de figurant sur l’échiquier international. Le rapprochement opéré entre Moscou et Pékin en1996, destiné à contrebalancer le renforcement, cette même année, de l’axe Washington-Tokyo, suffirait à témoigner que la période de flottement qui a suivi la disparition de l’empire soviétique toucherait à sa fin. S’il reste néanmoins difficile d’envisager avec certitude ce que sera l’après-guerre froide, on peut affirmer que l’affrontement idéologique qui a opposé les deux blocs pendant une cinquantaine d’années a contribué à la désagrégation des empires coloniaux et à l’émancipation de l’Asie et de l’Afrique. Une réalité qui constitue, au regard de l’histoire, l’un des événements majeurs du XXesiècle.

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