Histoire des Berbères : Principaux traits traditionnels

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Il est difficile de caractériser les sociétés berbères de manière globale tant les situations locales sont spécifiques, mais on identifie quelques grands traits communs, qui expliquent pour une bonne part la résistance des groupes berbères. Ce sont d’abord des sociétés « segmentaires » faites de l’imbrication d’entités indépendantes : famille élargie, clan (formant village en zone sédentaire), tribu, confédération de tribus. Ces entités sont identifiées comme « Descendants de X » : Ayt X, ou autres formes. Bien entendu, il s’agit d’une représentation fictive dès que l’on dépasse le niveau de la famille élargie : les grandes entités, village, tribu, confédération de tribus, sont toujours des constructions politiques agrégeant des composantes hétérogènes. Ce sont des sociétés sans État : à l’échelle du village, de la tribu, des assemblées détentrices de toute légitimité désignent pour une courte période un chef et ses assesseurs. On a souvent parlé de « démocratie directe » à propos des Berbères, tout adulte pouvant prendre part à l’assemblée et à ses décisions, une vision quelque peu idyllique car les femmes n’y participaient pas et le poids des plus anciens y était décisif. Parfois, au Maroc notamment, les assemblées étaient réduites aux notables (inflas).

Le terme amghar, qui désigne le chef élu du village ou de la tribu, signifie d’abord ancien, vieillard ! La confédération de tribus était un ensemble lâche qui ne trouvait son unité d’action que dans les circonstances extrêmes, notamment les guerres extérieures. Ce sont aussi des sociétés en armes. Durant des siècles, les Berbères ont été en conflit avec les pouvoirs centraux. Sociétés sans pôles de centralisation stabilisés, les groupes vivaient aussi en état de tension interne permanent. Tout homme était d’abord un guerrier prêt à défendre son groupe.

La défense de l’honneur collectif ( familial, tribal) ou individuel (notamment à travers le respect de la parole donnée) étaient des valeurs cardinales. Enfin l’islam y est fortement teinté de pratiques locales, assez éloigné de l’orthodoxie sunnite des villes : le culte des saints, le maraboutisme, garde des traces importantes de paganisme ; la fidélité à des codes coutumiers entre souvent en contradiction avec le droit musulman… Sans que l’on puisse parler d’un islam berbère, la pratique religieuse présente donc de fortes spécificités qui ont toujours rendu les Berbères suspects d’hérésie aux yeux de l’islam officiel.

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