l'expansion de l'islam

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L’expansion de l’islam (VIIe - XIIe siècle) Chronologie (610) Chronologie (1453) La civilisation arabo-musulmane

Des raids aux conquêtes

L’Arabie avant l’islam

Au VIe siècle, à la veille de l’Islam, la cohésion de la communauté arabe est encore mal assurée. C’est à Abou Bakr, le premier calife (632-634), que revient la tâche de guider les croyants: l’adhésion à l’islam implique l’appartenance à l’umma, à la communauté des croyants, et la reconnaissance de l’autorité du calife. Mais de nombreuses tribus d’Arabie refusent de se soumettre, et il faut toute la détermination du calife pour endiguer les révoltes et prendre le contrôle de l’Arabie. Il faut aussi fournir un exutoire à l’effervescence des Arabes, assurer la reprise des activités commerciales et donner à tous les croyants un but commun. Et si les premières expéditions organisées au temps d’Abou Bakr vers l’Iraq et la Syrie se situent dans la tradition des opérations de pillage, elles vont très vite faire place, devant la faiblesse de l’adversaire, à de véritables conquêtes.

Les territoires orientaux

Le règne d’Umar Ier (634-644)

Sous le règne d’Umar Ier, désigné par Abou Bakr pour lui succéder, la majeure partie du Proche Orient passe sous domination arabe. La Syrie Palestine est conquise de 634 à 639: occupation de Damas en 635, grande victoire contre les forces byzantines en 636 sur la rivière Yarmouk, reddition de Jérusalem en 638. La Mésopotamie est conquise dans les mêmes années: en Iraq, victoire de Qadisiyya sur les Perses sassanides en 637 et chute de leur capitale Ctésiphon Séleucie. Puis les Arabes continuent leur avancée vers l’est: en 642, victoire de Nehavend en Iran; prise de Rey en 644; occupation du Khorasan en 651. Ces conquêtes marquent la chute définitive des Sassanides, déjà affaiblis au cours des siècles précédents par leurs luttes contre les Romains et les Huns. L’Égypte est conquise à partir de la Syrie: Alexandrie est occupée en 642 (reprise un temps par les Byzantins, la ville passe définitivement aux mains des Arabes en 646). La haute Mésopotamie est conquise dans les années 639-641, l’Arménie est soumise en 645-646.

De l’Arménie à l’Asie centrale

Sous les califes qui succèdent à Umar, Uthman (644-656) et Ali (656-661), les conquêtes marquent un temps d’arrêt; la nécessité d’organiser les territoires nouvellement gagnés à l’islam, mais surtout des dissensions internes, obligent pour un temps les Arabes à mettre fin à leurs expéditions. Il faut attendre l’arrivée au pouvoir de Moawiyya, le premier des califes omeyyades (661-750), pour que reprenne la politique d’expansion qui porte les frontières de leur empire de l’Atlantique aux confins de l’Inde. Vers l’est, la Transoxiane, avec Boukhara et Samarkand, est conquise entre 705 et 714. Si l’Indus est atteint en 710, les troupes omeyyades doivent toutefois se replier légèrement. En revanche, les Arabes maintiennent leur hégémonie jusqu’aux confins de l’Asie centrale grâce à leur victoire sur des princes du Turkestan et leurs alliés chinois, à Talas, en 751.

Le Bassin méditerranéen

Leur objectif majeur reste cependant la prise de Constantinople: entre 680 et 716, plusieurs expéditions maritimes précèdent le grand siège de 716-717. Vaincus par les Byzantins, les Arabes doivent renoncer à cette conquête, qui reste néanmoins un rêve, réalisé en 1453 par les Ottomans.

La conquête du Maghreb

La conquête est conduite à partir de l’Égypte. La fondation de Kairouan, en 670, marque définitivement l’installation des Arabes en Ifriqiya, nom donné à l’ancienne province romaine d’Afrique, qui correspond approximativement à la Tunisie et au Constantinois actuels. Après la conquête définitive de Carthage en 698 et la victoire sur les Berbères en 702, le nouveau gouverneur, Musa ibn Nusayr, soumet le Maghreb jusqu’à l’Atlantique en 708.

L’Espagne

La Péninsule ibérique, de 910 à 1492 Chronologie (711)

L’Espagne tombe bientôt sous la domination arabe. Tariq ibn Ziyad, chef berbère devenu lieutenant de Musa ibn Nusayr, franchit le détroit de Gibraltar en 711, bat le roi wisigoth Rodrigue et occupe Cordoue et Tolède. Vers 714, Musa ibn Nusayr le rejoint en Espagne et prend Saragosse. Les deux chefs occupent la majeure partie de la péninsule Ibérique. En 716, une nouvelle province musulmane, al Andalus (l’Andalousie), est constituée.

La Gaule

Chronologie (732) Ce pays est à son tour soumis aux incursions des Arabes. Pendant plusieurs décennies, ils lancent des raids sur le Languedoc, la Provence et la vallée du Rhône. Une expédition plus audacieuse, dont le but est sans doute l’abbaye Saint Martin de Tours, est arrêtée par Charles Martel à Poitiers en 732, date célèbre qui marque moins l’arrêt des conquêtes arabes que la victoire de l’ancêtre des Carolingiens. En effet, les Arabes se maintiennent pendant plusieurs décennies dans certaines villes du Sud, dont Narbonne, reprise en 759 par Pépin le Bref.

Les facteurs de l’expansion

Malgré ces coups d’arrêt et ces replis, le résultat des conquêtes est extraordinaire: en l’espace d’un siècle, les Arabes se sont rendus maîtres d’un immense empire; ils ont reconstitué l’œuvre d’Alexandre le Grand en réunissant sous une même bannière les territoires de l’Orient perse, du Proche Orient gréco sémitique et du Bassin méditerranéen. Un tel succès s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs.

Religion et société

Les conquêtes arabes ont souvent été analysées comme l’expression d’un grand zèle religieux, voire d’un fanatisme, qui aurait animé des hommes nouvellement convertis à une religion: avec l’enthousiasme des néophytes, ils auraient voulu gagner tous les peuples à l’islam. La réalité de ces conquêtes dément cette vision. D’une part, elles ne furent pas systématiquement suivies de conversions forcées; d’autre part, les conditions climatiques difficiles de l’Arabie ont entraîné, de tout temps, d’importantes migrations vers les régions du Croissant fertile. Mais ces facteurs ne peuvent rendre compte, à eux seuls, de ce vaste mouvement d’expansion. La politique de conquêtes mise en œuvre par les califes permet de canaliser l’agitation chronique des tribus nomades et d’étendre la domination de l’islam. Elle va de pair avec la prédication coranique: appel à la guerre contre les infidèles et promesse de butin. La cause profonde de l’expansion arabe réside sans doute dans le lien entre le message prophétique et le phénomène social et politique qu’il a suscité. La guerre de conquêtes est bien constitutive de la Révélation que Dieu a transmise aux hommes par l’intermédiaire du prophète Mahomet.

Source: Hachette

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