L’époque coloniale

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Les premières explorations du territoire

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Les premiers navigateurs Européens qui, dans le sillage de Christophe Colomb, abordent les côtes du continent nord-américain sont les Italiens Jean Cabot et Sébastien Cabot (1497). Voyageant au service de Henry VII d’Angleterre, ils découvrent Terre-Neuve et explorent les côtes du Labrador et de la Nouvelle-Angleterre. L’Espagnol Juan Ponce de León découvre la Floride en 1513. L’Italien Jean de Verrazane (1524), voyageant pour le compte de François Ier, explore les côtes atlantiques, de la Caroline du Sud au Maine ; puis le Français Jacques Cartier (1534) découvre l’estuaire du Saint-Laurent. Tous sont à la recherche d’une route maritime septentrionale vers les Indes et la Chine. Les premiers explorateurs européens (Robert Cavelier de La Salle, sir Walter Raleigh, Hernando de Soto) qui pénètrent, aux XVIe et XVIIe siècles, sur le territoire américain, rencontrent une population autochtone peu nombreuse. Estimée à quelques millions d’individus, elle est probablement venue d’Asie, par le détroit de Béring, quarante mille ans plus tôt (voir Amérindiens). Le contact avec les Européens provoque chez la population amérindienne un désastre démographique (choc microbien) et culturel (spoliation des terres, alcoolisme, destruction des cultures indigènes). Les maladies venues d’Europe (grippe, typhus, rougeole, etc.) et les guerres déciment jusqu’à 95 p. 100 d’entre eux.

Les débuts de la colonisation européenne

La colonisation de l’Amérique du Nord par les Européens commence dès la fin du XVIe siècle. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, elle est menée essentiellement par trois pays : l’Espagne, la France et l’Angleterre. La première implantation européenne permanente date de 1565, avec la fondation de Saint Augustine (Floride) par les Espagnols. Ceux-ci étendent leur domination sur les territoires actuels de la Floride, du Texas, de la Californie, puis sur une grande partie de l’ouest des États-Unis. Les Français commencent par s’installer au Canada (fondation de Québec par Samuel de Champlain, en 1608) puis fondent la vaste colonie de la Louisiane (début XVIIIe siècle), englobant la région des Grands Lacs et toute la vallée du Mississippi (voyages de Jacques Marquette et de Louis Jolliet en 1673 ; voyages de Robert Cavelier de La Salle, 1669-1682). Les Anglais, quant à eux, colonisent les régions de la côte atlantique, qui doivent devenir, ultérieurement, le noyau politique et culturel des États-Unis.

La mainmise anglaise

La fondation de Jamestown, en Virginie, en 1607, inaugure la colonisation anglaise. C’est une colonisation de peuplement, menée par des émigrants persécutés dans leur pays pour leurs convictions religieuses ou politiques, notamment des séparatistes anglais, secte dissidente de l’Église anglicane. En 1620, les Pères Pèlerins, dissidents religieux adeptes du puritanisme, arrivent à bord du Mayflower dans la baie de Plymouth et fondent la colonie de Plymouth (future colonie de la baie du Massachusetts).

L’émigration puritaine continue jusqu’en 1642, entraînant la création des autres colonies de la Nouvelle-Angleterre (colonies septentrionales) : le New Hampshire (1629), Rhode Island (1644) et le Connecticut (1662). Ces colonies développent une société souvent théocratique et intolérante, reposant sur une vie spirituelle très riche (fondation de l’université Harvard, en 1636).

Situées plus au sud, les colonies méridionales, constituées de la Virginie (1607), du Maryland (1632), de la Caroline du Nord et de la Caroline du Sud (1663) ainsi que de la Géorgie (1732), développent une structure politico-religieuse et socio-économique très différente des colonies du Nord. Essentiellement agricoles, elles reposent sur une économie de plantation (tabac, coton) qui exige une main-d’œuvre abondante. Le commerce triangulaire commence dès 1620 et se poursuit durant tout le XVIIe siècle. Une société esclavagiste se constitue ainsi, au profit des seuls grands propriétaires, restés fidèles à l’anglicanisme. Les deux groupes de colonies anglaises restent longtemps étrangers l’un à l’autre.

Dans la seconde moitié du XVIIe siècle se constituent les colonies du Centre. Suite aux explorations menées en 1609-1610 par Henry Hudson, navigateur anglais au service de la Compagnie des Indes orientales, les Hollandais s’implantent en 1613-1614 à l’embouchure de l’Hudson (actuelle baie de New York), où ils fondent la colonie de la Nouvelle-Hollande. Sa capitale, La Nouvelle-Amsterdam (aujourd’hui New York), est fondée en 1625 par Peter Minuit, dans l’île de Manhattan. En 1655, les Hollandais annexent la colonie suédoise du Delaware (créée en 1638). Puis, en 1664, les colonies hollandaises d’Amérique du Nord passent sous domination anglaise. De cette annexion naissent les colonies de New York, du New Jersey et du Delaware (1664). La Pennsylvanie est fondée un peu plus tard, en 1681, par le quaker William Penn.

Les colonies anglaises bénéficient dès le début d’une grande autonomie vis-à-vis de la métropole. Attribuées en pleine propriété à des particuliers par charte royale (chartes de propriété), ces colonies propriétaires possèdent chacune un gouvernement et une assemblée. Il s’y institue très tôt des pratiques démocratiques. À l’exception de la Géorgie, qui fait l’objet d’une charte en 1732, toutes les colonies anglaises d’Amérique du Nord sont fondées avant la fin du XVIIe siècle.

La colonisation française

Les Français, de leur côté, délaissant les régions de la côte atlantique, pénètrent à l’intérieur du continent nord-américain en remontant le Saint-Laurent. Depuis Québec, ils étendent leur autorité sur un immense territoire, dans les Grandes Plaines centrales, qu’ils appellent Louisiane en l’honneur de Louis XIV. Mais la rivalité coloniale franco-anglaise débouche rapidement, en Amérique du Nord, sur une succession de guerres. Contrairement à la colonisation anglaise, l’immigration française, trop limitée, ne permet pas à la France d’assurer un contrôle réel et une défense efficace de son empire colonial. Après avoir perdu l’Acadie à l’issue du traité d’Utrecht (1713), la France abandonne toutes ses possessions américaines lors du traité de Paris (1763), qui met fin à la guerre de Sept Ans (1754-1763). La Louisiane occidentale, à l’ouest du Mississippi, est cédée, en compensation, à l’Espagne, alliée de la France (qui la récupère en 1800). La Louisiane orientale, à l’est du Mississippi, ainsi que toutes les possessions françaises canadiennes reviennent à la Grande-Bretagne.

Le renforcement du pouvoir anglais

Dès la seconde moitié du XVIIe siècle, l’autorité royale anglaise renforce son emprise sur ses colonies américaines, par l’intermédiaire des gouverneurs royaux. Après l’élimination de la présence française en Amérique du Nord, la métropole anglaise raidit encore son attitude en réclamant à ses treize colonies une contribution financière pour amortir les dépenses de la guerre de Sept Ans. Mais les colonies anglaises, habituées à une certaine indépendance (assemblées politiques élues, vote des budgets), refusent les charges fiscales imposées par Londres. Le Stamp Act de 1765 suscite une vive indignation parmi les colons américains et provoque des émeutes (Virginie, New York, Massachusetts). Des sociétés secrètes de patriotes (les Fils de la liberté) se constituent. Le mouvement de protestation colonial culmine, en octobre 1765, lors du congrès contre le Stamp Act. Cette loi est finalement révoquée par le Parlement en 1766.

Désireuse d’établir un commerce reposant sur le principe de l’exclusif colonial, la métropole tente, en 1767, d’imposer à ses colonies les lois Townshend qui taxent lourdement les importations, notamment celles du thé.

La résistance coloniale est à nouveau très vive. Elle prend la forme d’un boycottage des produits anglais par les colons. La réaction énergique des Britanniques (voir Boston, massacre de, 5 mars 1770) marque la rupture définitive entre la Grande-Bretagne et ses colonies. Les taxes Townshend sont annulées. En 1773, le monopole de la vente du thé en Amérique est accordé par le Parlement britannique à la Compagnie anglaise des Indes orientales. Cette décision déclenche une nouvelle crise. Les cargaisons de thé des navires de la Compagnie des Indes sont détruites par les habitants de Boston, alors le grand port de la Nouvelle-Angleterre (voir Tea Party de Boston, 16 décembre 1773). Par mesure de rétorsion, le Parlement britannique vote les lois « intolérables » (« Intolerable Acts », 1774) à l’encontre du Massachusetts (fermeture du port de Boston, suppression des libertés du Massachusetts).

L’unité des treize colonies américaines se réalise dans leur opposition commune à la politique du gouvernement britannique : en septembre 1774, sur l’initiative de Benjamin Franklin, elles se réunissent à Philadelphie en un premier Congrès continental (5 septembre-26 octobre 1774).

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