L'essor des États-Unis jusqu'à la guerre de Sécession

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L’organisation de la vie politique

Deux partis politiques se développent sous la présidence de George Washington : les fédéralistes et les républicains. Les fédéralistes, représentés par George Washington et Alexander Hamilton, sont favorables au renforcement du pouvoir fédéral. Soutenus par les industriels et les milieux d’affaires du Nord, ils restent au pouvoir jusqu’en 1801, avec John Adams (1797-1801), successeur de Washington. Les présidences fédéralistes sont marquées par des troubles intérieurs (révolte du Whisky, 1794) et par une opposition violente avec les républicains (lois sur la sédition et les étrangers).

Le Parti républicain, avec Thomas Jefferson et James Madison à sa tête, hostile à toute ingérence excessive du pouvoir central, est favorable à une limitation stricte des pouvoirs fédéraux. Il reçoit le soutien des petits propriétaires terriens du Sud et de l’Ouest. Sous l’influence d’Andrew Jackson et de John C. Calhoun, il devient, à partir de 1828-1830, le Parti démocrate.

Le Parti républicain accède au pouvoir avec Thomas Jefferson (1801-1809) et s’y maintient sous les présidences de James Madison (1809-1817) et de James Monroe (1817-1825). Ce dernier, en affirmant son opposition à toute intervention européenne dans les affaires du continent américain (doctrine de Monroe, 1823), définit les principes de la politique étrangère des États-Unis jusqu’au XXe siècle (voir Isolationnisme).

L’expantion territoriale

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Au xixe siècle, les chariots couverts sont communément utilisés par les pionniers nord-américains dans leur périple vers l’ouest. Sous la bâche sont entreposés tous les biens de la famille (mobilier, vêtements, argenterie, etc.).

Les deux partis pratiquent la même politique d’expansion territoriale et de développement économique par la colonisation progressive des terres, l’achat de territoires (Louisiane, Floride) ou l’usage de la force (Californie). Cantonnée en 1783 à la seule façade atlantique, la jeune nation se lance dans la colonisation de l’Ouest et étend rapidement son territoire, avec la formation de nouveaux États (Ohio, 1803 ; Kentucky, 1792 ; Tennessee, 1796 ; Vermont, 1791). En 1803, les États-Unis doublent leur superficie grâce à l’acquisition de la Louisiane occidentale, vendue par la France pour un montant de 15 millions de dollars. Quatorze États, dont la Louisiane (1812), l’Indiana (1816), le Mississippi (1817), l’Illinois (1818) et l’Alabama (1819), sont créés.

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La région du Dakota, peuplée de tribus indiennes, fut explorée à partir de 1738 par des Canadiens français. Elle devint, à la fin du XVIIIe siècle, un des centres du trafic de fourrures. Elle fut acquise par les États-Unis dans le cadre de l’achat de la Louisiane en 1803. La première colonie permanente du Dakota du Sud fut établie en 1817. En 1832, Fort Pierre Chouteau fut construit par l’American Fur Company mais la colonisation resta lente jusqu’à la découverte de mines d’or dans les Black Hills, en 1874.

Les États-Unis optent pour la neutralité dans les guerres opposant Napoléon Ier à l’Angleterre (voir Napoléoniennes, guerres). Mais l’obstination du gouvernement britannique à vouloir interdire tout commerce entre les États-Unis et la France provoque la guerre anglo-américaine (1812-1815), qui s’achève par le traité de Gand (1814), ratifié par le Sénat américain le 16 février 1815. Ce conflit crée un fort sentiment nationaliste aux États-Unis et met fin à la prépondérance européenne sur les affaires politiques américaines. Après avoir étendu leur domination sur la Floride, cédée par l’Espagne en 1819, les États-Unis se lancent dans la conquête de l’Ouest.

Dès 1804, une expédition américaine, dirigée par Meriwether Lewis et William Clark (voir Lewis et Clark, expédition), remonte les affluents occidentaux du Mississippi et atteint la Columbia, qu’elle descend jusqu’à son embouchure sur la côte pacifique. Les États-Unis et la Grande-Bretagne revendiquent tous deux la possession du vaste territoire de l’Oregon (actuels Oregon, Washington et Idaho). À l’issue d’une longue polémique, le traité du 15 juin 1846 attribue finalement l’Oregon aux États-Unis et fixe définitivement la frontière avec le Canada, de l’ouest des Rocheuses jusqu’au Pacifique, sur le 49e parallèle. Le pays s’étend désormais de l’Atlantique au Pacifique.

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Calamity Jane Calamity Jane, de son vrai nom Martha Jane Canary, est l’une des figures légendaires de l’Ouest américain, en raison de sa dextérité à manier un cheval et un fusil.

Dans le même temps, la colonisation progresse dans le Sud-Ouest. Fondée par des colons américains en 1835-1836 à l’issue d’une révolte victorieuse contre le Mexique, la république du Texas est annexée par les États-Unis en 1845. Cette annexion suscite la colère du Mexique, qui n’a jamais accepté l’indépendance du Texas. Un raid américain en territoire mexicain, mené par le général Zachary Taylor, déclenche la guerre avec le Mexique (1846-1848) (voir américano-mexicaine, guerre). Celle-ci s’achève par la victoire des États-Unis et le traité de Guadalupe Hidalgo (2 février 1848). Le Mexique doit abandonner aux États-Unis le Texas, la Californie et les territoires de l’Utah, du Nevada, de l’Arizona et du Nouveau-Mexique. La frontière entre le Texas et le Mexique est établie sur le Rio Grande.

En 1853, l’achat au Mexique d’une bande de territoire, au sud de l’Arizona, fixe définitivement la frontière américano-mexicaine (convention de Gadsden). Cette acquisition met fin à l’expansion des États-Unis vers l’ouest. Composé désormais de 31 États, le pays a triplé sa superficie depuis 1789. Durant toute cette période, les Amérindiens ont été refoulés à l’ouest du Mississippi. Mais, après la guerre de Sécession (1861-1865), ils sont victimes d’une extermination, et les survivants concentrés dans des réserves.

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La Piste des larmes est le nom donné à l’exode cherokee qui a eu lieu pendant l’hiver 1838-1839. En décembre 1835, avec le traité de New Echota signé par une minorité de Cherokees, le territoire de Géorgie est cédé aux États-Unis pour 5 700 000 dollars. On y a en effet découvert de l’or et le gouvernement fait pression pour en éloigner les Indiens. Ils sont plus de 18 000 à quitter l’est du Mississippi pour le nord-est de l’Oklahoma. Près de 4 000 Indiens périssent de froid, de maladie et de faim.

Le gouvernement américain encourage la colonisation des terres nouvelles (Homestead Laws). Celles-ci sont cadastrées, découpées en parcelles égales et vendues à bas prix. L’Ouest devient alors un rêve pour les Américains et suscite un vaste mouvement de migration (« ruée vers l’or » de Californie, en 1849), facilité par le développement des moyens de transports (routes, chemins de fer). La mise en valeur de ces terres lointaines s’accélère avec le rapide accroissement de la main-d’œuvre et les facilités de crédit.

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Francis Scott Key

Le poète américain Francis Scott Key (1779-1843), également avocat, a notamment écrit les paroles de l’hymne américain — The Star-Spangled Banner ou, en français, « la bannière étoilée » — tandis que le port de Baltimore (Maryland) était bombardé par les Anglais en septembre 1814.

En effet, la population américaine (4 millions d’habitants en 1789, 9,6 millions en 1820) ne cesse de croître avec l’immigration européenne. Près de 200 000 nouveaux immigrants (Irlandais, Allemands) arrivent chaque année entre 1820 et 1850. Parallèlement, les moyens de communications se développent rapidement avec l’ouverture au trafic du canal de l’Érié (1825), et la construction de la première ligne de chemin de fer (1829). En 1840, plus de 4 000 km de voies ferrées sont déjà en exploitation.

Le clivage Nord-Sud

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John Tyler, dixième président des États-Unis d’Amérique (1841-1845).

En 1829, Andrew Jackson (1829-1837), soutenu par le nouveau Parti démocrate, succède au républicain John Quincy Adams (1825-1829) à la présidence des États-Unis. Entre 1834 et 1836, les adversaires du Parti démocrate se regroupent pour constituer le parti Whig. De 1840 à 1865, le débat politique est dominé par la question de l’esclavage, principal sujet de dissension entre les États du Nord et les États du Sud.

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Les États fédérés du sud des États-Unis — ici le Mississippi — ont développé une société agricole et esclavagiste reposant sur une économie de plantations (coton, tabac), exploitées par une main-d’œuvre servile noire.

Le coton, exporté vers les manufactures anglaises, a constitué l’une des principales ressources agricoles du pays au cours du xixe siècle. Les États sudistes ont vu leur économie ruinée par la guerre de Sécession (1861-1865) et l’abolition de l’esclavage.

Stimulé par les inventions de la révolution industrielle, le Nord-Est connaît un extraordinaire essor économique. Grâce au protectionnisme, les industries se développent en Nouvelle-Angleterre (filature, tissage), multipliant les noyaux urbains. Les canaux et les voies ferrées ont un rôle décisif sur l’évolution de villes comme Boston, New York, Philadelphie et Baltimore, qui peuvent accéder facilement aux produits et aux marchés de l’Ouest.

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Fabrication du sirop d’érable au xixe siècle

Récolte et fabrication du sirop d’érable dans une forêt américaine au xixe siècle. American Forest Scene, Maple Sugaring, lithographie couleur de Currier et Ives, 1856. Collection particulière.

Dans le même temps, les États du Sud se spécialisent dans la production de tabac et de coton. Ils développent de vastes plantations en exploitant la main-d’œuvre servile noire, renforçant du même coup l’économie esclavagiste dont le Nord réclame la suppression au nom de la démocratie américaine. Vivant essentiellement du commerce du coton, ils sont pour leur part favorables au libre-échange. Les divergences d’intérêts entre le Nord, industriel, protectionniste et abolitionniste, et le Sud, agricole, esclavagiste et libre-échangiste, vont en s’aggravant, notamment sur la question de l’esclavage.

Le Nord s’unifie progressivement dans la dénonciation de l’esclavage, toujours toléré par la Constitution. À la fin du XVIIIe siècle, tous les États situés au nord du Maryland en exigent l’abolition. En 1808, le Congrès interdit toute nouvelle importation d’esclaves aux États-Unis. Le Sud, de son côté, luttant obstinément pour maintenir l’équilibre entre les États libres et les États esclavagistes, se lance dans une course au peuplement des régions de l’Ouest. Le gouvernement fédéral, soucieux de préserver l’Union, propose des compromis (voir Compromis du Missouri, 1820). Le clivage s’envenime dans les années 1830, lorsqu’un conflit oppose le Sud et le Nord sur l’autorisation de l’esclavage dans les nouveaux territoires de l’Ouest (Texas, Oregon, Californie, Nouveau-Mexique). Le Sud défend fortement la candidature du Texas esclavagiste, le Nord s’y oppose, à l’image du parti de la Liberté, constitué en 1839, qui réclame l’abolition de l’esclavage dans la totalité des États-Unis. Le Texas entre finalement dans l’Union en décembre 1845 en tant qu’État esclavagiste, sous la présidence de James K. Polk (1845-1849), successeur de Martin Van Buren (1837-1841), de William H. Harrison (1841) et de John Tyler (1841-1845).

La guerre de Sécession

abraham lincoln

Seizième président des États-Unis d’Amérique (1861-1865), Abraham Lincoln a mené l’Union à la victoire lors de la guerre de Sécession et a aboli l’esclavage. Il a été assassiné peu après sa réélection, en 1865.

La lutte entre le Nord et le Sud pour tolérer ou interdire l’esclavage dans les États nouvellement acquis s’amplifie sous les présidences de Zachary Taylor (1849-1850) et de Millard Fillmore (1850-1853). Voir Compromis de 1850 ; Esclaves fugitifs, lois sur les. Elle aboutit, sous la présidence de Franklin Pierce (1853-1857), au compromis du Kansas-Nebraska (1854), stipulant que les nouveaux États se prononcent eux-mêmes pour ou contre l’esclavage. Cet accord soulève un tollé de protestations dans le Nord et cause la ruine du parti Whig, en y créant un fort antagonisme entre défenseurs et adversaires du compromis. Enfin, il oppose violemment les colons esclavagistes et abolitionnistes du Kansas (incendie de Lawrence, mai 1856).

abraham lincoln

À la suite de l’élection à la présidence d’Abraham Lincoln, antiesclavagiste convaincu, la Caroline du Sud fait sécession le 20 décembre 1860. Dix autres États esclavagistes du sud des États-Unis (Géorgie, Floride, Alabama, Mississippi, Louisiane, Texas, Virginie, Arkansas, Caroline du Nord et Tennessee) font de même en février et mars 1861. Ces États sécessionnistes forment la Confédération sudiste, avec Richmond pour capitale.

La guerre civile, dite guerre de Sécession, éclate le 12 avril 1861. Elle oppose, pendant quatre ans, les États confédérés du Sud et les États loyalistes du Nord, et s’achève par la victoire des Nordistes. L’esclavage est officiellement aboli le 6 décembre 1865.

Le parti Free Soil, créé en 1848 et adversaire de l’esclavage, puis la publication du livre de Harriet Beecher-Stowe (la Case de l’oncle Tom*,* 1851-1852) ont une influence déterminante sur l’extension du mouvement abolitionniste dans le Nord. Celui-ci aboutit, en 1854, à la formation de l’actuel Parti républicain. Ses fondateurs, farouchement opposés à l’esclavage, exigent le retrait du décret Kansas-Nebraska. En 1860, la scission du Parti démocrate assure l’élection du candidat républicain Abraham Lincoln (1861-1865), anti-esclavagiste notoire, qui succède au président James Buchanan (1857-1861). La seule solution qui s’offre au Sud est alors la sécession.

abraham lincoln

Robert E. Lee, commandant en chef des armées confédérées (sudistes) durant la guerre de Sécession.

Le 20 décembre 1860, la Caroline du Sud quitte l’Union. Le 4 février 1861, sept États sécessionnistes du Sud (Caroline du Sud, Géorgie, Floride, Alabama, Mississippi, Louisiane, Texas) créent une nouvelle Confédération (voir États confédérés d’Amérique). Ils forment un gouvernement provisoire et Jefferson Davis est élu président. Lors de son discours inaugural, en mars 1861, Lincoln déclare la sécession illégale. Cependant, au mois d’avril, quatre nouveaux États esclavagistes rejoignent la Confédération : la Virginie, l’Arkansas, la Caroline du Nord et le Tennessee. La guerre civile éclate le 12 avril 1861, avec l’attaque de Fort Sumter, à Charleston Harbor, par les confédérés (voir Sécession, guerre de).

abraham lincoln

Le 9 avril 1865, dans la McLean House de la petite ville d’Appomattox, dans le sud-ouest de la Virginie, le général sudiste Robert E. Lee (assis à droite) se rend au général unioniste Ulysses S. Grant (à gauche). Sa reddition met fin à la guerre de Sécession.

Le 15 avril, Lincoln fait appel aux États loyalistes afin d’obtenir 75 000 volontaires pour défendre le maintien de l’Union. Les armées sudistes, commandées par les généraux Robert E. Lee et Joseph E. Johnston, et les nordistes, emmenés par Ulysses S. Grant et William T. Sherman, s’affrontent pendant quatre ans (voir Vicksburg, campagne de ; Gettysburg, bataille de). Le conflit s’achève par la victoire des nordistes. Lincoln, qui a proclamé l’abolition de l’esclavage dès le 1er janvier 1863 (voir Émancipation, proclamation d’), est assassiné le 14 avril 1865. Le 6 décembre 1865, le 13e amendement de la Constitution abolit officiellement l’esclavage dans tous les États.

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