Croisades des XIeme et XIIeme siècles

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Les croisades des XIe et XIIe siècles

Les premières croisades (XIe - XIIe siècle)

En 1074, le pape Grégoire VII, prenant prétexte de la poussée des Turcs Seldjoukides en Asie Mineure (ils avaient écrasé les Byzantins à la bataille de Mantzikert en 1071) et du devoir de solidarité avec les chrétiens d’Orient, prépara une expédition qui n’aboutit pas. Le projet fut repris par Urbain II en 1095, au concile de Clermont.

La première croisade

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Chronologie (1096)

Le premier appel à la croisade fut d’autant mieux entendu que le pape donna à l’entreprise un caractère méritoire: il promit l’indulgence plénière aux futurs croisés; pour susciter davantage la piété occidentale, les milieux romains rappelèrent la destruction de l’église du Saint Sépulcre, commise au tout début du siècle par le calife fatimide al Hakim. Reprise et répandue par des prédicateurs populaires, dont le principal fut Pierre l’Ermite, l’invitation pontificale à la guerre «juste» reçut un accueil profond. Ainsi embrigadés, de nombreux pèlerins partirent dès le printemps de 1096; en Allemagne et en Europe centrale. Le passage de ces premiers croisés donna lieu à l’un des plus grands pogroms de l’histoire dont les juifs, considérés comme déicides, furent les victimes. Cependant, parvenues quelques mois plus tard en Asie, ces bandes de pèlerins, conduites par Gautier Sans Avoir, furent massacrées par les Turcs.

Par la suite s’ébranlèrent – par la voie du Danube ou celle de l’Adriatique et de la Grèce – quatre armées de chevaliers: la première, venue de la France du Nord et de la Basse Lorraine, sous les ordres de Godefroi de Bouillon; la deuxième, de la France centrale, sous ceux du comte Étienne de Blois et de Robert Ier, duc de Normandie; la troisième, de la France du Midi, sous le commandement de Raimond de Saint Gilles, comte de Toulouse, et sous l’autorité formelle du légat du pape, Adhémar de Monteil; la quatrième, de l’Italie méridionale, conduite par Bohémond Ier, prince normand de Sicile. Les armées se rejoignirent devant Constantinople. Là apparut une équivoque quant aux buts de l’expédition: les Byzantins en attendaient un renfort contre leurs ennemis turcs; les chefs croisés plaçaient leur mission dans la conquête de la Syrie Palestine. On aboutit à un compromis: Alexis Ier Comnène s’engagea à ravitailler et à aider les croisés, contre la restitution aux Byzantins des villes prises par les Turcs.

Chronologie (1099)

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En Asie Mineure, les armées franques défirent les Turcs, s’emparèrent de Nicée et de quelques autres places, qui furent rendues aux Byzantins. Cependant, parvenus en Syrie, les chefs de la croisade, en l’absence d’un commandement unique, agirent pour leur propre compte. En 1097, ils prirent Édesse, où Baudouin Ier de Boulogne, frère de Godefroi de Bouillon, forma un comté, et en 1098 Antioche, qui devint une principauté au bénéfice de Bohémond. Puis en 1099, ils assiégèrent Jérusalem, qu’ils saccagèrent et dont ils massacrèrent les habitants; les barons en firent un royaume, qu’ils confièrent à Godefroi de Bouillon, auquel succéda, à sa mort, son frère Baudouin. Le comté de Tripoli échut à Raimond de Saint Gilles. Dans ces quatre États latins d’Orient, les Français du Nord, les Provençaux et les Normands d’Italie implantèrent leurs institutions propres.

La deuxième croisade

Chronologie (1147)

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Au début du XIIe siècle, grâce au concours intéressé et efficace des Génois et des Pisans arrivés en renfort, l’expansion franque s’étendit à de nombreuses autres villes côtières de Syrie Palestine. Raimond de Saint Gilles prit Tortose, au nord de Tripoli, et fit édifier la citadelle du Mont Pèlerin. Le royaume franc de Jérusalem s’enrichit d’Arsouf, de Césarée, d’Acre, de Beyrouth et de Sidon, dont la défense fut confiée à l’ordre militaire des Templiers.

Ces succès initiaux, facilités par l’état de division politique de l’Islam, se révélèrent vite précaires. Dès 1128, le gouverneur turc Zangi unifia sous son autorité les provinces de Mossoul et d’Alep: en 1144 il reprit Édesse.

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La chute du premier État franc décida le pape Eugène III à appeler à une deuxième croisade; convaincu par saint Bernard, l’empereur Conrad III y répondit. Il prit la croix à Spire en 1147. Le roi de France, Louis VII, voulant expier l’incendie de l’église de Vitry lors d’une guerre qui l’avait opposé au comte de Champagne, prit aussi la croix. Les deux souverains, chacun à la tête d’une armée importante, se rendirent à Constantinople. La traversée de l’Asie Mineure fut meurtrière; les Turcs firent subir de grosses pertes à l’armée de Conrad III, et les croisés, au lieu d’aller attaquer Zangi à Alep, décidèrent de gagner Jérusalem et de mettre le siège devant Damas. Cette entreprise se solda par un échec, d’autant plus préjudiciable aux jeunes États latins d’Orient que la mobilisation musulmane antifranque trouva deux ardents artisans: Nur ad Din, fils de Zangi et prince fatimide de Syrie, et Salah ad Din (Saladin), sultan ayyubide d’Égypte; le premier s’attaqua à la principauté d’Antioche et la réduisit à une petite frange côtière entre mer et Oronte, puis il fit tomber ce qui restait du comté d’Édesse. L’action de Saladin fut encore plus décisive; il libéra l’Égypte de l’emprise fatimide et l’unifia à la Syrie ainsi qu’à la haute Mésopotamie. Dès lors, unis sur le plan politique mais aussi religieux, les musulmans du Proche Orient engagèrent une guerre décisive contre les Francs.

Chronologie (1187)

Après avoir anéanti l’armée franque à Hattin (1187), Saladin prit Jérusalem, puis presque toutes les possessions latines d’Orient; seules Tyr, Tripoli et Antioche – du reste privées de communications entre elles par voie de terre – échappèrent à sa domination.

La troisième croisade

Chronologie (1190)

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L’Occident répondit par une troisième croisade, prêchée par le pape Grégoire VIII. L’empereur germanique Frédéric Ier Barberousse, le roi de France, Philippe Ier Auguste, et le roi d’Angleterre, Richard Ier Cœur de Lion, prirent la croix. Le premier passa par Constantinople et l’Anatolie, mais il se noya accidentellement en Cilicie et son armée se dispersa. Les deux autres empruntèrent la voie maritime par la Sicile – en chemin Richard conquit l’île de Chypre –, et allèrent s’associer au siège d’Acre, établi depuis deux ans par les Francs. Après la victoire des croisés devant cette ville en juillet 1191, Philippe Auguste repartit pour l’Occident et Richard n’osa pas attaquer Jérusalem. Il signa cependant un traité avec Saladin, assurant une trêve de trois ans aux Francs et la liberté de pèlerinage à Jérusalem en échange de celle, pour les musulmans, de se rendre à La Mecque. Quand le roi d’Angleterre partit à son tour (1192-1193), les Francs ne disposaient plus que de Saint Jean dAcre et de quelques villes côtières étroitement contrôlées par les Italiens.

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