Les autres Européens en Amérique et dans l'Arctique

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Les autres Européens en Amérique et dans l’Arctique

Amérique du Nord : colonisation et explorations (1519-1716)

Si l’Espagne et le Portugal occupent le devant de la scène, parce qu’ils établissent au XVIe siècle de puissants empires en Amérique et aux Indes, d’autres nations européennes participent, plus modestement, à l’élan des Grandes Découvertes.

Les Français

Le règne de François Ier

Les grandes découvertes

En 1523-1524, François Ier envoie Verrazano, un Florentin, reconnaître la côte de l’Amérique du Nord pour trouver une nouvelle route vers l’Inde. Six ans plus tard, un marin de Saint Malo, Jacques Cartier, est chargé d’explorer les parages de Terre Neuve, déjà fréquentés par les pêcheurs de morue bretons et normands. En 1535, il parvient au Labrador et découvre l’estuaire du Saint Laurent. Décision est prise de coloniser ce pays, dont la configuration naturelle rappelle les paysages français: il sera baptisé «Nouvelle France». En 1541, Cartier est chargé d’y conduire des colons, mais ces premiers établissements sont abandonnés dès 1544.

Henri IV et le Canada

Les grandes découvertes

Henri IV relance la colonisation du Canada: un capitaine de la marine royale, Samuel Champlain, reçoit mission de remonter le cours du Saint Laurent et d’explorer jusqu’aux abords des Grands Lacs. En 1608, il établit un fort abritant un magasin sur un plateau rocheux qui domine le fleuve; on lui donne le nom de Québec, qui signifie «rétrécissement». Les débuts de la colonie sont modestes, car si le pays est couvert de forêts et de prairies parcourues par des troupeaux de bisons, s’il est sillonné de nombreuses rivières, on n’y trouve ni mines d’or ni mines d’argent. Le Canada n’attire que des pêcheurs, des chasseurs, ou trappeurs, des commerçants en fourrures et des missionnaires chargés de convertir les «Peaux Rouges».

La politique de Colbert

Chronologie (1682) Colbert reprend quelques années plus tard la politique menée par Henri IV. De 1660 à 1672, il fait transporter au Canada environ 4 000 paysans de Normandie, de Bretagne et d’Anjou. Ces nouveaux arrivants s’implantent dans le pays et forment la souche de l’actuelle population canadienne d’expression française. Dans le même temps, des explorateurs agrandissent le domaine français. En 1673, un négociant de Québec, Louis Jolliet, et un jésuite, le Père Marquette, partent du lac Michigan vers le sud ouest et découvrent le Mississippi, qu’ils appellent «fleuve Colbert». À bord de deux canots, ils parviennent jusqu’à son confluent avec l’Arkansas. Huit ans plus tard, en 1681, un Rouennais, Cavelier de La Salle, atteint le delta du fleuve et arrive jusqu’au golfe du Mexique en 1682. En l’honneur du roi Louis XIV, ils baptisent les terres qu’ils ont découvertes «Louisiane». La mise en valeur de ces régions ne commencera qu’au début du XVIIIe siècle: la ville de La Nouvelle Orléans est fondée en 1718, et elle devient bientôt la métropole d’un pays consacré aux plantations et exploité à l’aide d’une main dœuvre d’esclaves noirs.

La tentative de Villgaignon

D’autres tentatives coloniales françaises échouent, comme celle de Nicolas Villegaignon. Après avoir participé à l’expédition de Charles Quint contre Alger et avoir mené plusieurs campagnes navales, celui-ci est chargé, en 1555, d’accompagner quelque 600 protestants vers l’Amérique du Sud. L’expédition est financée par la couronne de France et le gouvernement de Genève. Arrivé au Brésil, Villegaignon baptise la baie de Rio «France antarctique» et fonde Fort Coligny et Henryville. Assez rapidement, des troubles éclatent entre protestants et catholiques de l’établissement français, et Villegaignon se conduit en tyran. Rappelé en France, il est remplacé par Bois le Comte, mais les Portugais arrivent sur ces entrefaites et rasent les deux forts. Cette expérience inaboutie de colonisation est intéressante du point de vue ethnologique, car elle montre comment une population peut s’adapter à une culture nouvelle: au contact des indigènes, certains exilés français se sont fait tatouer le corps et sont même devenus anthropophages.

Les Anglais

Chronologie (vers 1450) Au XVe siècle, la puissance maritime anglaise n’est pas établie. L’Angleterre commandite cependant une expédition de découverte, mais qui restera sans lendemain: elle confie à un Vénitien établi à Bristol, Giovanni Caboto (en anglais John Cabot), la tâche de découvrir par l’ouest une voie maritime vers la Chine. Le 24 juin 1497, Cabot arrive sur le continent américain, du côté du Labrador, mais ne peut pousser plus loin à cause des glaces.

La rivalité avec les Espagnols

Les grandes découvertes

C’est au siècle suivant que l’Angleterre, devenue la grande rivale de l’Espagne sur le plan naval, va affirmer ses projets coloniaux. Les Anglais mènent, à partir de 1568, la chasse aux navires marchands espagnols. De nombreuses pirateries permettent à Francis Drake de découvrir des lieux inexplorés. En 1577, il descend jusqu’au cap Horn (extrémité sud de la Terre de Feu), que personne avant lui n’avait doublé, et, pénétrant dans l’océan Pacifique, il écume le littoral du Chili et celui du Pérou pour enlever quantité de pierreries, d’or et d’argent. En 1585, Drake dévaste Carthagène, port situé sur le rivage caraïbe de l’actuelle Colombie, et Saint Domingue. En 1553, de l’autre côté de l’Atlantique, Richard Chancellor remonte le long du littoral scandinave et, passant par l’océan Glacial Arctique, atteint la mer Blanche; il établit des relations commerciales maritimes avec la Russie. John Hawkins part en 1562 chercher de l’or et de l’ivoire sur les côtes de la Guinée; il revient de son voyage africain avec des esclaves à fond de cale: les Anglais vont bientôt s’assurer la majeure partie de la traite des Noirs.

En Amérique, en 1584, Walter Raleigh fonde au nord de la Floride la première colonie anglaise, la Virginie. Martin Frobisher puis John Davis cherchent un passage maritime vers l’Asie par le nord de l’Amérique, le fameux «passage du Nord Ouest», qui ne sera ouvert qu’au début du XXe siècle. S’ils échouent lors de leurs multiples tentatives (1576, 1577, 1578 pour Frobisher; 1585, 1586 et 1587 pour Davis), ils reconnaissent les côtes du Groenland, la terre de Baffin, la baie d’Hudson. À la suite de leurs voyages, des établissements anglais de pêche sont créés à Terre Neuve.

Les Hollandais

Si les Néerlandais ont bien mené quelques expéditions de découverte vers les pays arctiques, leur action coloniale (comme celle des Anglais) consistera surtout, à partir du début du XVIIe siècle, à conquérir par la guerre des terres découvertes par d’autres. En 1594, Willem Barents quitte la Hollande pour tenter de découvrir au nord de l’Europe un passage vers l’est (le «passage du Nord Est»). Après un mois de navigation, il arrive sur une île glaciale inconnue qu’il appelle «Nouvelle Zemble». En 1596, il mène une autre expédition arctique, au cours de laquelle il découvre l’île des Ours et le Spitzberg. En son honneur, la mer qui baigne les rivages de ces terres a été nommée «mer de Barents».

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