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En septembre 1999, deux mois après l’accession au trône de Mohammed VI, des manifestations éclatent au Sahara occidental. Elles sont durement réprimées par le ministre de l’Intérieur Driss Basri, qui est alors limogé par le jeune roi. Mais, comme l’attestera la suite sans fin de ce dossier épineux, le limogeage de Basri ne répond pas à la question de savoir ce qui arriverait si le Maroc perdait « son » Sahara. Lors de ma dernière entrevue avec l’opposant Abderrahim Bouabid, peu avant sa mort en 1992, il m’avait dit : « Le problème du Sahara occidental ne pourra vraiment être résolu que par la démocratisation du Maroc tout entier. » Je pense qu’il avait raison. En effet, mes interlocuteurs sahraouis me disent en substance : « Pourquoi voulez-vous que nous nous rattachions au Maroc ? Il y a chez vous des problèmes sociaux, pas de démocratie et trop de corruption. Nous, de notre côté, nous avons des richesses naturelles et une petite population. Nous ne sommes pas endettés et nous aurions la possibilité de construire un État viable protégé par les normes internationales et, de ce fait, protégé des dérives de nos propres leaders. » Tout cela est juste, et la seule réponse pérenne serait l’avènement d’une vraie démocratie au Maroc. Avant et après Hassan II, par quelque bout que l’on prenne les problèmes du Maroc, du Sahara occidental au « réveil berbère » en passant par la corruption, l’on aboutit indéfiniment à la même conclusion : aucune solution ne saurait être trouvée sans la redéfinition du pacte social en vue d’une vraie démocratisation du système. La stabilité politique et la prospérité économique de notre pays, et même l’unité nationale, en dépendent. Le recul que j’ai pris en 1999 me laisse le temps de réfléchir à l’avenir de la monarchie. Mes convictions n’ont pas changé, et je continue de les défendre sur la place publique. Le 1 décembre, je donne une conférence sur « les défis démocratiques dans le monde arabe » à l’Institut français des relations internationales (IFRI) à Paris. Le Tout-Rabat s’est déplacé dans la capitale française. Plusieurs centaines de personnes se pressent dans une salle qui n’est pas faite pour une telle affluence. L’ambassadeur du Maroc en France est intervenu pour tenter de faire annuler l’événement. Des agents de la DGED, le service marocain de contre-espionnage, prennent des photos du public. « Les hommes passent mais le système reste »…

Moulay Hicham El Alaoui

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