Mouloud Mammeri répond :

“Je suppose naturellement qu’il s’agit de la littérature écrite par des Nord-Africains d’origine, qu’ils soient musulmans ou israélites.…

Un corps sans âme n’a pas de voix et le malheur veut que l’on soit naturellement porté à croire qu’un corps sans voix n’a pas d’âme. Jusqu’à la dernière guerre le Nord-Africain n’intervenait dans la littérature que comme l’élément vivant d’un décor, conforme à l’image conventionnelle que la société européenne avait choisi de. donner du Nord-Africain pour se dispenser de le connaître, ce qui pouvait entraîner une reconsidération de son attitude et de son rôle.

En écrivant, le romancier nord africain n’a bien sûr pas rendu son âme à l’homme nord-africain qui ne l’a jamais perdue, mais il a aidé les autres, et peut-être lui-même, à en ‘reconnaître l’humanité foncière par-delà quelques enveloppes extérieures - coutumes transitoires, costumes qui ne sont
qu’accident.

Une prise de conscience - double en quelque sorte - parce que valable à la fois pour les autres et pour nous-mêmes...

L’écrivain nord-africain fait voir la vie, hélas trop réelle, des hommes de ce pays. Depuis la naissance du monde nouveau, plus humain, de demain, il a sa modeste part. Je pense que ce faisant, il aide en définitive à la grande fraternité des hommes. Littérature amère, a-t-on écrit, désespérée ou révoltée, toujours noire en tout cas. Oui, bien sûr, mais l’urgence de vérité, l’intransigeance, le refus des compromissions ne sont-ils pas la mission de l’esprit ? Il n’y a d’entente possible que dans la plus lucide clarté, de dialogue fécond qu’à deux voix. Une fois passé le mouvement d’humeur initial, les voies sont ouvertes à la compréhension, le meilleur prélude à l’amour. "

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