Extrait de Messali Hadj par Benjamin Stora

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Dès son arrivée à Paris, Messali chercha à se mettre en rapport avec un groupe politique. En 1923, à l’Ecole nationale des langues orientales, il se lia à des Arabes d’Orient qui avaient créé un cercle. Ce cercle tenait plus du salon mondain que de l’organisation militante. Il se réunissait tous les vendredi, débattait de la situation du monde musulman et priait pour sa renaissance. Messali s’en sépara assez vite, car son désir d’agir ne pouvait guère s’y exprimer. Il lui fallait un cadre pour donner libre cours à la force de révolte qu’il portait en lui. Il allait bientôt le trouver au contact du mouvement ouvrier français. Trois événements dans la situation politique française vont marquer, à des degrés croissants, la colonie nordafricaine : l’occupation de la Ruhr en 1923, les élections législatives de 1924, la campagne contre la guerre du Rif en 1925. L’ensemble de ces événements étaient perçus par Messali au travers de l’activité déployée par le PCF, la CGTU, la IIIe Internationale qui exerça incontestablement une influence profonde sur ce dernier dès son arrivée en France, comme sur une majeure partie des émigrés algériens. Dans la Rhur, à la suite de l’agitation et de la propagande menée par les Jeunesses communistes au sein de l’armée, un détachement de soldats coloniaux, algériens pour la plupart, refusa de tirer sur les travailleurs allemands. Quinze mois plus tard, le Paria, mensuel de l’Union intercoloniale mise en place par la IIIe Internationale, relata le procès des soldats qui s’étaient sou; levés et traça un portrait de Mahmoud Ben Lekhal, condamné à cinq ans de prison pour avoir appelé à la fraternisation avec les ouvriers allemands de Mayence. Cet acte de soulèvement des soldats coloniaux dans la Ruhr, d’une importance limitée, constituait le premier résultat pratique et concret de l’action entreprise par la IIIe Internationale pour redresser l’orientation “réformiste” des communistes de France et d’Algéries (5). Une activité soutenue visait à établir le contact des organisations syndicales et du PCF avec les travailleurs immigrés toujours plus nombreux. Pour cet objectif, la Tribune du prolétariat colonial (mensuel de l’Union intercoloniale) lança un appel en décembre 1923, intitulé : “Ouvriers algériens, organisezvous ! ” A ce moment, Messali qui venait juste d’arriver en France, constata que les travailleurs français avaient un salaire et des conditions de travail bien supérieurs à ceux des immigrés. Il perçut le rapport étroit existant entre cette situation et la mise en place chez les travailleurs français d’organisations ouvrières très structurées, puissantes ainsi que le développement des grèves larges et quelquefois dures. Cherchant une issue politique, il fut donc amené à connaître la lutte ouvrière et revendicative, l’activité des organisations ouvrières, leurs tracts, leurs brochures, leurs appels qui commençaient à pénétrer le milieu des émigrés. Contrairement à d’autres Algériens qui croyaient avoir trouvé dans une vague “fraternité islamique” dont le siège était 16, rue Blanche, une concrétisation à leurs aspirations, Messali recherchait la liaison avec le mouvement ouvrier. Ce fut, à cet égard, la première manifestation d’une tendance profonde et permanente chez lui. Les élections législatives dont le premier tour était fixé au 11 mai 1924, lui donnèrent l’occasion d’aller plus en avant dans cette voie

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5.Trotsky dans son rapport du I** décembre 1922 au IV* Congrès mondial de l’I.C. s’écria à l’encontre des communistes d’Algérie “quant à nous, nous ne pouvons tolérer deux heures, ni deux minutes, des camarades qui ont leur mentalité de possesseurs d’esclaves.” in le Mouvement Communiste en France, p. 256 ; Notes de P. Broué. 49

Benjamin Stora

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