Parcours de Charles Darwin

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il n’aimait pas l’école

Quand il était petit, Charles Darwin (1809-1882) était terriblement impressionné par son père. Celui-ci était un riche médecin de campagne, qui nourrissait les plus grandes espérances à propos de ses deux fils. Charles était le benjamin, et celui qui avait le moins de chance de répondre à ses espoirs. Il avait du mal en grec, en latin et en algèbre, c’était un élève médiocre.[…]

Mais il avait de l’ambition. Simplement, ce qu’on lui enseignait dans les livres ne l’intéressait pas. Il aimait le grand air de la campagne : la chasse, la recherche d’espèces rares de scarabées, la création d’herbiers et les collections de minéraux. Il était capable d’observer pendant des heures le comportement des oiseaux, et de noter de façon précise leurs différences. Il avait l’œil pour ce genre de chose.

Mais un violon d’Ingres ne fait pas une carrière et, tandis qu’il grandissait, son père s’impatientait. Un jour, celui-ci lui adressa des remontrances qu’il n’oublierait jamais : « Tu n’es bon qu’à chasser, dresser des chiens et attraper des rats. Tu es la honte de la famille. »[…]

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Un tour en Angleterre

Espérant ne plus jamais devoir user ses pantalons sur les bancs d’une école, il partit pour un tour d’Angleterre afin de s’abandonner à sa passion pour le grand air et oublier provisoirement l’avenir[…]

Au bout de quelques semaines de voyage, désespéré, il opta pour une stratégie nouvelle. En Angleterre, quand il avait du vague à l’âme, il sortait prendre l’air et observait les êtres vivants. Il oubliait ainsi ses problèmes. Mais il était désormais dans un environnement nouveau. Il décida alors d’observer la vie du bord et notamment les caractères du capitaine et de l’équipage, comme s’il étudiait les dessins sur les ailes d’un papillon.

Il observa par exemple que personne ne se plaignait de la nourriture, du temps ou des durs travaux à faire. Il admira ce stoïcisme. Il s’efforça de l’imiter. Il jugea que FitzRoy manquait de confiance en lui et avait souvent besoin de tester son autorité et son grade élevé dans la marine royale. Darwin le flatta dans ce sens. Petit à petit, il prit le rythme du bord. Il adopta certains comportements des marins. Tout cela le distrayait de sa solitude.

Voyage à bord du Beagle

Au bout de plusieurs mois, le Beagle toucha le Brésil et Darwin comprit pourquoi il avait si ardemment désiré faire partie de l’expédition

Il manquait de connaissances. Il passait des heures à étudier tout ce qui lui tombait sous les yeux lors de ses excursions et à prendre des notes détaillées.

Tandis que le navire longeait la côte vers le sud, Darwin comprit qu’il existait dans l’intérieur du continent des régions où aucun naturaliste n’avait encore posé le pied.

Au bout d’un an de voyage, à quelque 650 kilomètres au sud de Buenos Aires, Darwin fit sur une plage une découverte qui allait lui donner à réfléchir pendant des années. Au fil de son voyage, le naturaliste changeait profondément.

Pendant son voyage de retour, Darwin commença à affiner sa théorie, tellement révolutionnaire dans ce qu’elle impliquait. Il venait de découvrir ce qui allait être l’œuvre de sa vie.

En octobre 1836, le Beagle rentra en Angleterre après presque cinq ans de mer.

Darwin se hâta de rentrer chez lui et, quand son père le vit, il fut stupéfié. Son fils avait complètement changé physiquement, sa tête semblait avoir grossi. Toute sa façon d’être était différente, il avait acquis un sérieux et une acuité de pensée qui se lisaient dans ses yeux.

Où était le jeune homme distrait qui avait pris la mer cinq ans plus tôt ? Il était évident que le voyage avait transformé le corps et l’esprit de Charles Darwin.

Robert Greene ( sa biographie )

p.p 65-71 ( Atteindre l’excellence )

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