Cheikh Mohand, l’oralité et le Soufisme Patrimoine Kabyle mercredi 8 octobre 2025 L’analyse anthropologique du parcours de Cheikh Mohand Ou Lhocine nous paraît essentiel, car, comme l’affirme Mohamed Arkoun, « Ceux qui se satisfont de la mémoire arabophone du Maghreb ne perçoivent pas combien la dispersion, la désintégration et finalement l’effacement irréversible des mémoires berbérophones ont entraîné une mutilation grave de ce quon nomme l’identité maghrébine ». Cheikh Mohand Ou Lhocine (1838 - 1901) a été l’un des représentants de la Grande Kabylie auprès de la Tariqa al-Rahmaniyya dirigée par Cheikh Aheddad. La légende retient de Cheikh Mohand deux épisodes, celui de la fontaine et celui du bœuf res suscité. Farida Aït Ferroukh souligne que le premier, motif soufi qui véhicule les idées clés de Baqa, « la durée » et de Fana. « l’ex tinction », le rattache à la mystique. Au parcours du candidat à l’initiation, se conjuguent à la fois une conception populaire qui le considère comme « désigné » et une quête d’absolu où il appa raît que les divers motifs de transmission sont soufis. Aït Ferroukh recherche les traces du Soufisme dans les dires du Cheikh. Son incursion dans les textes reconstitués par Mammeri lui a permis de dégager, d’une part, la référence explicite et implicite à la mys tique musulmane, et d’autre part, d’identifer des termes spécifi ques qui décèle « un riche lexique du sacré et une pensée fortement enracinée » [8]. Rappelons ici que même durant le Moyen Age, le berbère est demeuré une langue de communication. De nombreux berbérophones rencontraient des difficultés pour accomplir la prière. Ainsi, l’élève Tlemcénien de Béjaïa, Abu al-Qasim al-Uqbani (1321 - 1409), fût interrogé sur les gens qui invoquent Dieu (Du’a) en berbère. Il répondit que cela est autorisé, car Dieu sait toutes les langues (cf. Fatwa d’al-Uqbani, dans al-Mi’yar. vol. I, pp. 186). Si aujourd’hui on reconnaît à la langue berbère une importance scientifique certaine, c’est parce que les berbérophones ont pu donner à leur langue une grande puissance d’expression dans les domaines qu’ils maîtrisent (cf. lettre de Lionel Galand à Djamil Aïssani, 1977.). C’est notamment le cas de la Mystique. C’est grâce à ce travail et aux progrès des sciences de l’homme et de la société depuis les années soixante qu’un second pas a pu être fait. C’est dans ce contexte que Farida Ait Ferroukh a pu présenter des analyses consacrées à At-Rebbi, Taruhanit, Tirrubda, Taqbaylit, Tamusni,... Elle tente de saisir le sens des mots : A du, Asbagh, Aghewwet, Agraw, Aceggex, Taghrast,... [8]. Djamil Aissani Voir la source Source de l'article Qui êtes-vous ? Votre nom Votre adresse email Votre message Titre (obligatoire) Texte de votre message (obligatoire) Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides. Veuillez laisser ce champ vide : Commentaires