Mahomet avant l’Hégire Histoire de l’islam samedi 11 octobre 2025 La personnalité de Mahomet, avant sa prédication, est mal connue. Du Coran nous ne tirons aucun renseignement et les biographies du prophète (Sîra) n’ont, en raison de leur caractère anecdotique, qu’une valeur historique relative. La chronologie exacte de sa vie est impossible à fixer ; seule la date de l’Hégire, moment où il quitta la Mekke pour Yathrib, est bien établie : elle fait l’objet d’un accord unanime des musulmans et c’est elle qui marque le point de départ de l’ère islamique. Une tradition, appuyée sur une interprétation incertaine d’un verset du Coran, fixe d’autre part à quarante ans l’âge de Mahomet quand il commença sa prédication. D’après la Sîra, Mahomet perdit ses parents de bonne heure et fut élevé par son grand-père ‘Abd al-Mottalib, puis par son oncle Abou Tâlib. Bien qu’appartenant à l’importante tribu des Qoraïch, il était assez pauvre et, à vingt-cinq ans, s’engagea au service d’une riche veuve, Khadîja, que peu après il épousa. Tant qu’elle vécut, il ne prit pas d’autre femme ; c’est seulement après sa mort (qui survint peu avant l’Hégire) qu’il porta à neuf le nombre de ses épouses. Mahomet exerça donc le métier de marchand et de caravanier, menant, à partir de son mariage, une existence dépourvue de tout souci matériel. Quant aux voyages qu’il aurait effectués en Syrie, avec son oncle, puis avec Khadîja, et qui lui auraient fait rencontrer des moines chrétiens, ils reposent sur des traditions douteuses ; il semble au contraire que Mahomet n’eut jamais du christianisme qu’une idée assez éloignée de la réalité. On n’a guère de détails sur les circonstances qui entourèrent sa vocation. La tradition veut qu’il ait pris l’habitude de se retirer fréquemment dans la solitude jusqu’au jour où, au mois de ramadân, l’ange Gabriel lui apparut, lui répétant à plusieurs reprises : « Récite » (iqrâ). Mahomet sut alors qu’Allah (Dieu) l’avait choisi pour être son Envoyé, chargé de « réciter » aux hommes les révélations que lui transmettait Gabriel ou l’Esprit divin : ces révélations fragmentaires, groupées par la suite, constitueront le Coran (Qôran, « récitation »), expression de la parole même d’Allah, dont le texte se présente ainsi aux musulmans « comme une dictée surnaturelle enregistrée par le prophète inspiré » (L. Massignon). D’abord peu confiant en sa mission, Mahomet fut soutenu par Khadîja et commença à transmettre aux Mekkois les appels qu’il recevait successivement. Lorsque l’Esprit lui parlait, il entrait en transes, s’enveloppait de son manteau et paraissait en proie à une attaque nerveuse ; ce sont là phénomènes physiologiques et psychologiques parfois observés chez ceux qui se sentent emportés par une inspiration dont la valeur et l’authenticité ne sauraient être ni rejetées ni étayées par des arguments purement rationnels. Mahomet eut d’abord quelque peine à trouver des adeptes. Après sa femme, son cousin ‘Alî, fils d’Abou Tâlib, fut, dit-on, le premier à le suivre ; puis ce fut son fils adoptif, Zaïd. Les deux hommes les plus influents qui se rallièrent à lui furent son ami intime et dévoué, Abou Bakr, et ‘Omar, homme intègre à la main rude, qui tous deux dirigeront plus tard la communauté musulmane. En dehors de ses parents et amis, Mahomet réussit à se faire écouter des petites gens, plus faciles à toucher que les membres des grandes familles mekkoises. Le caractère même de sa prédication le laissait prévoir. Il se donnait en effet comme l’avertisseur qui annonce la venue proche du Jugement dernier, au cours duquel le Dieu unique, grand justicier, récompensera les hommes d’après leurs actions ; tentant d’arracher ses contemporains à leur insouciance, de leur inspirer la terreur d’Allah, il proclamait que le but de cette vie n’était pas de s’enrichir, mais de se soumettre à Allah (islâm) et d’obéir à ses commandements : faire la Prière et pratiquer l’aumône. L’annonce du Jugement était une nouveauté parmi ces Arabes païens. On peut trouver néanmoins dans cette prédication des thèmes qui rappellent les croyances des chrétiens orientaux, également dominés par la crainte de Dieu. Dans la description du Jugement on a remarqué des similitudes extérieures entre le Coran et les homélies de saint Ephrem (prédicateur de l’Église syrienne) ; Tor Andrae voulut en conclure que Mahomet, après avoir entendu une fois un sermon chrétien, en aurait tiré par la suite des éléments de sa prédication : c’est là une hypothèse qu’aucune preuve précise ne vient étayer et qui ne suffit pas à rendre compte du souffle et de l’ardeur qui animent les premières sourates (chapitres) du Coran. D’ailleurs Mahomet se différencie des chrétiens dans sa conception de la vie future : pas de notion précise de l’immortalité de l’âme, qui n’est pour lui que le souffle de vie ; après la mort, l’homme sombre dans l’inconscience jusqu’au jour du Jugement où il est ressuscité, si bien que celui-ci lui paraît suivre immédiatement la mort. Les sourates que l’on considère comme ayant été révélées à la Mekke durant les premières années de la prédication de Mahomet se caractérisent par leur brièveté, leur style imagé, tantôt poétique, tantôt oratoire, la fréquence des serments et des adjurations. La forme extérieure rappelle le style des devins païens dont Mahomet se défendait pourtant avec véhémence de faire partie ; aussi bien les versets du Coran échappent-ils fréquemment aux exigences de la rime, lorsque le sens le commande. Aux versets les plus fougueux et tumultueux, appelant les hommes à songer au Jugement, en succédèrent d’autres d’allure plus calme, et des récits de ton oratoire : histoire des prophètes des anciens temps, montrant de quels châtiments terribles Dieu frappa les hommes qui ne voulurent pas écouter ses Envoyés. Cette évolution semble correspondre à celle des rapports de Mahomet avec les Mekkois. Au début le prédicateur serait resté en bons termes avec les Qoraïch ; n’attaquant pas les dieux païens, il se contentait d’exhortations morales et d’évocations eschatologiques, accueillies avec une indifférence hautaine. Puis, lorsqu’il affirme avec force le principe monothéiste et part en guerre contre les idoles, il ébranle, avec la religion des anciens, tout l’ordre social ; déjà froissées de voir un homme aussi ordinaire apporter un message divin, les grandes familles commencent à craindre son influence : Mahomet est l’objet de chicanes perpétuelles et ses adeptes, maltraités, doivent en partie émigrer en Abyssinie. C’est alors qu’il lance ses anathèmes contre les incrédules et fait appel aux exemples des anciens prophètes. Mais bientôt Mahomet, se rendant compte que son action est vaine dans sa ville paternelle, entre en relations avec les tribus arabes du voisinage, puis avec des habitants de Yathrib ; ceux-ci acceptent de conclure avec lui une alliance, s’engageant à lui obéir et à renoncer à l’idolâtrie (pacte d’al-‘Aqaba). Sûr de trouver ainsi à Yathrib des partisans, Mahomet fait partir ses adeptes, puis quitte lui-même secrètement la Mekke le 12 rabî‘ I (24 septembre) 622 : c’était l’Hégire, l’« expatriation ». QUE SAIS-JE ? L’islam ( Dominique Sourdel ) Voir la source Source de l'article Qui êtes-vous ? Votre nom Votre adresse email Votre message Titre (obligatoire) Texte de votre message (obligatoire) Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides. Veuillez laisser ce champ vide : Commentaires